Une fois traversé le village de Cervières, la route qui mène à la vallée des Fonts n’est pas déneigée l’hiver. Il faut la remonter à pied quelques dizaines de minutes pour accéder, après quelques lacets serrés, à la haute vallée. Au-delà d’un verrou rocheux, elle se révèle et s’élargit subitement : on entre d’un coup dans un gigantesque et sublime amphithéâtre naturel.
Pour nous raconter in situ son lien à la montagne, Marianne Chaud n’a guère hésité. L’anthropologue et cinéaste haut-alpine, multiprimée pour ses documentaires intimes et sensibles, notamment sur les habitants du Zanskar, dans l’Himalaya indien, a choisi de nous emmener non loin de chez elle, au-dessus de Briançon. Direction la vallée des Fonts de Cervières, ou Haute-vallée de la Cerveyrette pour les géographes : «Un lieu extraordinaire dans sa sauvagerie, ses grands espaces autrefois habités», avait-elle résumé.
Projet avorté de station de ski
Cette vallée reculée, au fond presque plat et rectiligne, s’allonge sur une dizaine de kilomètres entre le nord du Queyras et les hauteurs du val de Suse italien. Une demi-douzaine de hameaux soigneusement entretenus, regroupant fermes d’alpage, résidences secondaires et gîtes, se succèdent tout le lon