Il est midi. Derrière la grande roue du Prado, ce n’est pas l’odeur d’iode mais celle de pizza qui éveille la curiosité des passants. Galvanisé par une musique électro, mégaphone en main et perché sur un utilitaire blanc, Eric Akopian, fondateur de l’association Clean My Calanques donne le coup d’envoi du marché de Noël. Profitant d’une météo idéale, une centaine de personnes déambule dans l’allée des exposants. Broderie, récolte de déchets, boutiques responsables et upcycling, il y en a pour tous les goûts.
A l’entrée du marché, derrière son stand, Céline Albinet, directrice de l’association Clean My Calanques, est ravie. Après deux premières éditions réussies à la digue de la Pointe rouge, faire un stop à l’Escale Borély est l’occasion «d’offrir aux associations partenaires de la visibilité» auprès d’un nouveau public. Il semblerait que ce soit mission réussie.
«Atelier de recyclage de déchets sauvages»
En face se trouve un drôle de stand. Il est possible d’y transformer un tas de bouchons en plastique en toupie, en bijoux ou encore en décoration de Noël. Un processus bien ficelé qu’Adrien Piquera explique aux visiteurs incrédules. Sauvage Méditerranée est une association créée en 2019. Elle abrite à Aix-en-Provence «un atelier de recyclage de déchets sauvages». Là-bas, naissent «des objets colorés à forte valeur ajoutée», explique-t-il. Pour ses créations, l’association compte sur les déchets fournis par une trentaine d’associations de la région jusqu’au nord de la Corse.
Plus loin, Repulp, grâce à qui les résidus d’agrumes fournis par des producteurs de jus de fruit et des glaciers bio se transforment en tasses à café, ou même en suspension luminaire design. L’idée provient du gâchis de «la peau du fruit qui représente la moitié de sa masse». Elle est un déchet car son «acidité la rend incompatible au compostage». Sous la supervision de Luc et Victoria, les déchets sont transformés en poudre, puis en granules «brevetés», la matière première de tous les produits. Le matériau est incassable, isolant thermique et ne contient aucune substance nocive pour la santé.
Devant chacun des stands, les curieux comme Maëva se précipitent. Elle se réjouit de l’engouement de l’événement qui «redonne le sourire devant autant de gens intéressés par des initiatives comme celles-ci». Etudiante, elle profite du marché de Noël avec sa sœur avant de participer à la «clean walk» – une promenade au cours de laquelle les participants ramassent des déchets.
«Utiliser l’intelligence collective et la bienveillance»
Plus loin, une petite étale verte attire l’attention. Alain Maurin est l’inventeur d’un système adaptatif qui rend écologiques les ancres plates des bateaux. «Une ancre qui n’est pas écologique dérape et arrache tout sur son passage, ce qui détruit les fonds marins, la biodiversité et les posidonies», cette plante emblématique de la Méditerranée qui «produit de l’oxygène et sert d’habitat aux poissons». Même si les plaisanciers «l’achètent plus pour la sécurité que pour sauver les fonds marins, tout le monde est gagnant», ironise Alain.
Juste en face se trouve Fanny, une bénévole. Devant une grande toile blanche, elle anime un atelier ludique pour la Fresque du climat. Le principe, c’est «utiliser l’intelligence collective et la bienveillance» pour retrouver les causes et les conséquences du réchauffement climatique. Un atelier qui permet «aux gens qui n’y connaissent encore rien» de comprendre le phénomène et de proposer des solutions pour y remédier à leur échelle.