Energie, transports, rénovation durable, végétalisation… En 2023, Libé explore la thématique de la transition écologique lors d’une série de rendez-vous inédits. Objectif : témoigner des enjeux et trouver des solutions au plus près des territoires. Quatrième étape à Dunkerque, les 13, 14 et 15 octobre.
Parmi les questions sociales, la formation professionnelle est moins abordée que le salaire ou l’accès à l’emploi. Or les syndicats comme les patrons insistent tous sur son importance : les premiers pour promouvoir l’évolution des carrières, les seconds pour répondre à la pénurie de main-d’œuvre. Le manque de personnel est d’ailleurs majeur pour le secteur de l’industrie. Invitée, lors du Climat Libé Tour ce samedi, à participer au débat «Formation dans l’industrie : objectif plein emploi ?», Marylise Léon, secrétaire générale de la CFDT, explique l’importance majeure de ce sujet.
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La conférence sociale s’ouvre lundi sur le pouvoir d’achat et des salaires. La question de la formation pourrait-elle y être aussi abordée ?
Globalement, on attend des réponses concrètes sur les salaires, les négociations de branche, l’égalité femmes hommes, la conditionnalité des aides… Mais des salariés qui font une formation ou qui montent en compétence, il faut que ce soit reconnu financièrement. Le sujet sera donc indirectement abordé dans la conférence sociale. Promouvoir la formation pourrait par ailleurs permettre de rendre des métiers plus attractifs ; car nous ne pouvons pas entendre des employeurs dire «on n’arrive pas à recruter» et qu’il n’y ait pas cette reconnaissance.
Comment rendre attractive l’industrie auprès des plus jeunes ou des personnes qui souhaiteraient changer de métier ?
Déjà, cela n’a aucun sens de réindustrialiser si on ne met pas l’industrie au service de la transition écologique. Et cela répondra alors à la question du sens que beaucoup veulent donner à leur métier. Après, pour répondre à l’attractivité, il y a les sujets des conditions de travail, du temps de travail, de la mixité, des rémunérations… L’industrie est un écosystème avec des grands groupes qui ont souvent des conditions de rémunération bien plus favorables que dans des petites entreprises. Il ne faut donc pas deux poids deux mesures comme sur certains chantiers, où l’on peut voir des conditions très différentes entre les acteurs qui interviennent. A l’EPR de Flamanville, on a par exemple négocié un accord de site, pour des conditions de travail identiques pour tous.
La semaine de quatre jours peut-elle aussi être une manière de contrebalancer la pénibilité de certains postes dans l’industrie, qui ont parfois du travail le week-end ou la nuit, qui peinent d’ailleurs à recruter ?
C’est une question bigrement compliquée. Il y a dans l’industrie des facteurs de pénibilité qui sont compensés financièrement. Notre objectif, c’est que les salariés ne soient pas exposés à cette pénibilité. Nous, on prône une réduction du temps de travail tout au long de la vie, notamment avec le compte épargne temps universel, car on équilibre son temps de travail différemment en fonction de son âge. Il y a des semaines de quatre jours à imaginer, mais ce n’est pas la solution miracle. Cela reste un vrai sujet de discussion qui doit être négocié entreprise par entreprise car je rencontre des salariés que cela intéresse et d’autres qui n’en veulent surtout pas. Et cela doit être aux salariés de décider.
Vous avez dit lors du débat qu’il y a un vrai chantier «carrières professionnelles et reconversion». Quels sont les dispositifs à mettre en place pour réussir ce chantier ?
Le sujet des carrières professionnelles sera déjà abordé lors de la conférence sociale, notamment pour que chaque branche professionnelle travaille sur les questions de classification, car la question qui se pose après, c’est comment on offre des perspectives d’évolution de carrière. Les reconversions vont être négociées, elles, à l’échelle interprofessionnelle. Nous, on veut sécuriser les parcours. Pouvoir dire à quelqu’un dont le métier disparaît comment on l’aide à accéder à un autre, avec des formations sur des connaissances pures, en situation de travail… A la CFDT, nous avons réfléchi à une assurance transition emploi, pour permettre à un salarié d’être sécurisé du métier A au métier B sans avoir un parcours chaotique. Et que le salaire suive, car ce n’est pas du tout fluide. Nous allons recevoir le document d’orientation de la négociation dans les jours à venir car ce dossier sera abordé après la conférence sociale.