C’est l’histoire d’un orchestre qui cherche l’harmonie avec des instruments cassés. A l’été 2019, à Jérusalem, une centaine de musiciens, amateurs, professionnels ou novices, Israéliens et Palestiniens, veulent jouer juste. «Le choix de projeter That orchestra with the broken instruments illustre bien notre volonté de pas aborder la géopolitique uniquement sous le prisme des conflits», explique Jean-Sébastien Esnault, délégué général du Grand Bivouac (dont Libération est partenaire).
Ce long métrage fait partie de la cinquantaine de documentaires présentés lors de la 23e édition du festival du film documentaire et du livre d’Albertville. Cette année, il met en lumière les fureurs de vivre de celles et ceux qui font face aux chaos du monde. «Nous cherchons à fabriquer des espaces de compréhension, de l’espérance, de la reconnexion», poursuit l’organisateur. Ainsi, par exemple, en partenariat avec Arte, la projection d’Enfermés par les russes Yahdine 2022, (the basement) sur la survie au traumatisme de l’enfermement, sera suivie d’un débat avec sept grands témoins. Deux autres films aborderont l’affrontement entre l’Ukraine et la Russie : Pierre Feuille Pistolet ou le récit, à hauteur d’enfants, de l’exode de familles ukrainiennes et Au bord de la guerre qui suit la troupe du Théâtre du Soleil d’Ariane Mnouchkine venue rencontrer de jeunes comédiens à Kiev sous les bombes. Autre temps fort du festival, la diffusion de Nulle part ailleurs (No other land), sur les expulsions de Palestiniens en Cisjordanie. «Un film coup de poing dont en ressort sonné», qui sera éclairé par le regard du journaliste et écrivain Pierre Haski, fin connaisseur du Proche-Orient.
Veines d’écrivaines
Les thèmes de la nature, de la montagne, du voyage et de l’aventure, continuent aussi d’irriguer la programmation du festival qui veut témoigner de l’état du monde en butinant dans quelque quarante pays. «Une pépite cinématographique va venir questionner notre posture écologique et ethnologique», prévient Jean-Sébastien Esnault à propos du documentaire Chris et la baleine (One with the whale). Le film narre le passage à l’âge adulte d’un jeune Inuit qui tue une baleine pour nourrir sa communauté et suscite fureur et incompréhension sur les réseaux sociaux.
Coté littérature, le festival a choisi de se placer sous la bannière «Veines d’écrivaines.» De nombreuses autrices seront présentes dans la vingtaine de rencontres programmées, «avec comme invitée d’honneur, Valentine Goby, dont l’œuvre L’île haute, publiée chez Actes Sud, à la croisée du roman d’apprentissage et du récit initiatique en montagne fait écho à la ligne éditoriale du Grand Bivouac».
Nouveauté du salon cette année, trois forums littéraires réuniront un plateau de trois invités autour des thématiques de la biographie, du vivant et des écrits des femmes. «Nous cherchons à produire une édition flamboyante, résume Jean-Sébastien Esnault, sans paillettes mais qui donne de l’énergie aux 40 000 festivaliers attendus.»