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Libération
Climat Libé Tour Marseille: tribune

Michèle Rubirola : «Marseille est capable de se mobiliser pour lutter contre les conséquences du changement climatique»

Pour s’adapter et protéger les populations les plus faibles, il faut «une loi qui clarifie les prérogatives et les moyens entre les différentes collectivités territoriales et l’Etat», estime la première adjointe au maire de Marseille.

A Marseille après deux semaines de grève des éboueurs, le 3 février 2022. (Nicolas Tucat/AFP)
Par
Michèle Rubirola
première adjointe au maire de Marseille
Publié le 13/12/2023 à 13h47
Informer, débattre et envisager des solutions au plus près des réalités et des enjeux. Rendez-vous le samedi 16 décembre à la Friche la Belle de Mai, à Marseille, pour la sixième et dernière étape de l’année 2023 du «Climat Libé Tour».

Marseille, une des villes les plus polluées de France, est aussi une ville résiliente et innovante capable de se mobiliser pour lutter contre les conséquences du changement climatique qui touchent l’ensemble des communes de notre pays. En début d’année, 3 144 personnes ont participé à la première enquête santé publique de la ville. Les résultats sont éloquents puisque les trois premières priorités sont «la santé liée à l’environnement et au cadre de vie», «l’accès à une alimentation de qualité» et «l’accès aux soins».

Sur notre territoire, nous observons l’impact des inégalités sociales et économiques sur la santé. Concrètement, pour les citoyens les plus fragiles, c’est moins de ressources financières pour la prévention, des comportements de vie défavorables à la santé et des facteurs environnementaux dégradés. Les plus vulnérables sont les plus impactés par une qualité environnementale dégradée. La pollution de l’air et les vagues de chaleurs entraînent davantage de maladies cardiovasculaires. Le manque d’accès à une alimentation saine augmente le risque de cancer. En Europe, 130 000 décès sont associés aux conditions de logement. Comment peuvent agir les collectivités territoriales ?

La santé environnementale souffre d’une gouvernance en silos alors qu’elle doit être dans toutes les politiques publiques au niveau national et local. Le national doit prendre sa part sur le sujet avec, par exemple, un délégué interministériel à la santé environnementale auprès de la Première ministre. La coconstruction ne doit pas être un prétexte à la non-gouvernance. Nous avons besoin d’une loi qui clarifie les prérogatives et les moyens entre les différentes collectivités territoriales et l’Etat sur le sujet. A Marseille, notre cap est de protéger la population, prioritairement les plus fragiles.

Dans le domaine du logement, nous lançons le dispositif Zéro Exclusion Energétique pour financer le reste à charge de la rénovation thermique des logements des plus précaires. Les logements sociaux doivent être construits dans des conditions qui limitent les impacts : éloigner des grands axes de circulation, desservit par des transports, proche des services publics et dans un environnement végétalisé.

Concernant le climat et l’alimentation ; lors des canicules, la ville distribue des repas équilibrés pour les plus précaires, de l’eau et installe des fontaines.

Parce que Marseille s’est déclaré ville amie des enfants, nous avons impulsé un plan de lutte contre l’obésité infantile et avons une vigilance particulière sur la qualité de l’air intérieur dans les écoles et les crèches. Les professionnels de la petite enfance ont été formés sur les risques des perturbateurs endocriniens.

Il y a trois ans, Marseille s’est déclarée «ville santé des femmes», plus vulnérables sur le plan de la santé globale. Cela a permis de développer des actions d’information, de dépistage et de prévention adaptées. Les villes – interlocuteurs de proximité – sont des acteurs incontournables pour améliorer la santé environnementale, mais elles ne peuvent pas le faire seules.