Rénovation, économie d’énergie, écologie… A l’occasion de la consultation internationale «Quartiers de demain» visant à améliorer le cadre de vie des habitants de dix territoires pilotes, retour sur ces projets pensés comme des laboratoires d’expérimentation.
Créée en 2004 pour apporter une réponse nationale forte à la relégation des quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV) et améliorer la vie des habitants de ces quartiers, l’Anru (Agence nationale pour la rénovation urbaine) porte plusieurs exigences dans la construction de la ville de demain.
Le renouvellement urbain est une politique publique ambitieuse et contracyclique : elle concerne les quartiers où sont concentrés les plus pauvres, et qui sont marqués par des dysfonctionnements urbains majeurs. Plus exposés au chômage, à la précarité, aux problèmes de santé, ils le sont également aux impacts du changement climatique, alors même qu’ils sont ceux qui émettent le moins de CO2.
Sans intervention de la solidarité nationale, ces quartiers continueraient à se dégrader et ses habitants à souffrir, encore plus, de la pauvreté et de conditions de vie indignes, mettant à mal la promesse républicaine d’égalité.
Pour combattre les fractures qui divisent notre société et renforcer la cohésion sociale, le renouvellement urbain vise avant tout à réparer les quartiers les plus défavorisés de notre pays et leurs dysfonctionnements sociaux et urbains. Elle tend aussi à préparer les quartiers aux défis de demain, qu’ils soient socio-économiques, climatiques ou démographiques. Enfin, rénover signifie aussi porter un regard neuf sur la ville pour la réinventer en anticipant les transitions et en s’inspirant des quartiers d’aujourd’hui pour construire ceux de demain.
Rénover, c’est d’abord réparer. Le renouvellement urbain vise à améliorer le cadre de vie des habitants et à leur offrir des logements dignes. Dans les QPV, souvent enclavés et éloignés du reste de la cité et de ses aménités, les habitants souffrent d’une relégation sociale et spatiale, d’un manque d’accès aux services publics, à l’emploi, à la mobilité. Par la production d’une offre diversifiée de logements abordables, l’Anru contribue à une plus grande mixité sociale, en complément de la reconstitution d’une majeure partie de l’offre de logements sociaux en dehors des QPV. L’Anru investit plus largement pour la qualité du cadre de vie urbain en finançant des équipements et l’aménagement des espaces publics pour créer des environnements urbains inclusifs, attractifs et dynamiques.
Rénover, c’est aussi préparer. La ville est une matière organique, elle vieillit, s’adapte, se transforme au contact de son environnement. Dès 2014, l’Anru, consciente que la transition écologique ne pourra être effective que si elle est juste, a amorcé le tournant de cette transition en intégrant des objectifs d’efficacité énergétique. Les rénovations dans le cadre du NPNRU (Nouveau programme national de renouvellement urbain) sont réalisées aux meilleurs niveaux de performance énergétique et permettent de sortir les ménages concernés de la précarité énergétique. Cette adaptation se traduit également par l’aménagement des espaces publics qui vise à réintégrer la nature dans la ville. Elle passe aussi par la conception des équipements publics à travers l’utilisation de matériaux bas carbone, le réemploi ou encore la conception bioclimatique. Afin d’aller plus loin dans la prise en compte des fragilités structurelles des quartiers, l’Anru a initié en 2022 la démarche Quartiers Résilients pour permettre aux 450 quartiers accompagnés par le NPNRU de réinterroger leurs projets à l’aune des enjeux de résilience.
Rénover, c’est enfin réinventer. Pour anticiper les transitions, le renouvellement urbain est un formidable outil pour innover et tester des solutions nouvelles qui pourront, demain, se déployer dans d’autres quartiers. Pour construire les nouveaux modes de vivre la ville, la réflexion doit être plurielle et collective. Le renouvellement urbain est une politique partenariale, qui tire sa force de la multiplicité et de la complémentarité des acteurs qui concourent à sa réussite. Il faudra puiser dans ces énergies pour construire l’avenir des quartiers et plus largement des villes.
Réparer, préparer et réinventer : trois leviers pour anticiper les transitions auxquelles les villes et les quartiers de demain feront face. La lutte contre la ségrégation territoriale et l’adaptation des territoires aux impacts du changement climatique doivent matricer l’action publique en faveur des territoires fragilisés. A ce titre, le renouvellement urbain doit prendre toute sa part en portant une vision globale de la ville résiliente, pour tous.