Interview d’altitude, actualité des stations, balade dans les vignobles, critiques de livres et anniversaire de la première ascension de l’Everest il y a 70 ans… Notre dossier Montagnes alors que se prépare la saison estivale dans les massifs.
Le peu de neige de cet hiver a fondu. L’été arrive et vient l’heure des bilans sur cette saison en demi-teinte. Alors que le réchauffement climatique est désormais une évidence, comment s’organisera l’avenir des sports d’hiver dans les stations ? Une activité qui reste (et restera) incontournable car, comme le rappelait Guy Chaumereuil, ex-directeur de la Fédération française des clubs alpins et de montagne et président du festival du Grand Bivouac, début avril dans Libération, «les domaines skiables, avec leurs 18 000 salariés et près d’1 milliard et demi de chiffre d’affaires annuel, génèrent bel et bien pour les territoires concernés quelque 120 000 emplois induits et 10 milliards par an d’activité économique globale».
«La montagne a été façonnée par l’homme, il faut continuer à se développer, mais en tenant compte des nouveaux rythmes de vie, abonde Eric Bouchet, de l’Office du tourisme des Deux-Alpes (Isère). Quand nous accueillons trop de monde, ce n’est pas bon. Pas assez, non plus…» Les enjeux sont connus : maintenir l’activité, trouver un emploi pour les jeunes, permettre aux habitants de vivre ici, avec le prix de l’immobilier qui augmente… «Une station de montagne n’est pas seulement orientée vers la manière de faire toujours plus d’argent. Le rythme de vie du tourisme est un outil, pas une course au profit.» Lors d’une réunion organisée au début de l’année, Eric Bouchet s’est fait fort de citer l’exemple de Val Thorens (Savoie), où les salariés de la station sont tous issus de la vallée des Belleville. Sans or blanc, il n’y a plus rien.
«Il nous faut trouver l’équilibre. Depuis deux mille ans, on a construit… Notre génération va devoir chercher l’équilibre, complète Xavier Sillon, directeur de l’Ecole de ski français de la station. Mais tous les regards sont désormais tournés vers l’été. Et les stations comptant capitaliser sur le regain de fréquentations des deux dernières saisons peaufinent leurs offres. Tour d’horizon.
VTT et glisse
Dans le sillage d‘Avoriaz ou de La Plagne, Les Sept Laux, en Isère, ont choyé les vététistes. Douze pistes de descente garnies de modules en bois, avec virages relevés et parcours en sous-bois. Espaces «cross», «minicross»… Au total 300 kilomètres et 11 200 kilomètres de dénivelé positif cumulés. Parcours accrobranche et activités nautiques sur le lac des Martelles complètent l’offre sportive. A La Grave (Hautes-Alpes), un nouveau site écoles d’alpinisme a vu le jour. Dans le cadre des aménagements «villages d’alpinisme», les guides ont équipé trois nouveaux parcours pour l’entraînement aux techniques d’alpinisme en rocher : l’arête des Fréaux, l’arête de Peyrou d’Amont et l’arête de Pierre Aiguille. A Tignes (Savoie), on découvrira du 15 au 22 juillet la première édition estivale du Mountain Shaker : un rendez-vous 100 % «board culture».
Randonnées
Changement de style et de massifs avec de belles possibilités de randonnées dans le Jura autour du crêt de Chalam, un petit sommet qui offre un point de vue magnifique sur le massif jurassien et les paysages alpins. Dans les Vosges, on pourra tenter le sentier des Roches pour de superbes points de vue sur la vallée de Munster (attention, passages techniques). La récompense est bienvenue en arrivant au Frankenthal, cirque glaciaire au milieu duquel est installée une ferme-auberge. Dans les Pyrénées, avec ses «murailles dantesques», cirques suspendus et autres cascades, le grand canyon d’Ordesa (province de Huesca) est l’expression de la démesure et n’usurpe pas son surnom de «Colorado pyrénéen». De l’autre côté du canyon trône le cirque de Gavarnie. Deux versants dissemblables d’une même montagne, Gavarnie-mont Perdu, classée au patrimoine mondial de l’humanité par l’Unesco.
Balades
Pour les amateurs d’histoire moins sportifs, on conseillera le fort du Portalet (Pyrénées-Atlantiques), bâtisse rupestre et verticale bâtie sur ordonnance royale de Louis-Philippe, en 1842. Sa mission était de défendre des invasions voisines ce verrou glaciaire et la route du col du Somport, l’une des six routes transpyrénéennes décrétées par Napoléon Ier en 1808. Le fort se déploie en cascade sur environ 100 mètres de dénivelé et se fond dans la falaise. Alfred de Vigny y passa un moment en garnison, ainsi qu’Alexis Léger (dit Saint-John Perse). Par la suite, le fort du Portalet fut transformé, avant-guerre, en colonie de vacances. Puis le régime de Vichy en fit une prison où, dès 1941, il enferma Léon Blum, Daladier, Reynaud, Gamelin et Mandel, jugés «responsables de la défaite [de la Seconde Guerre mondiale]». En 1945, ce fut au tour du Maréchal Pétain lui-même d’y être reclus, avant de connaître les geôles de l’île d’Yeu.