Alors que la crise climatique et la perte de biodiversité bouleversent et menacent le cours de la vie humaine – conséquences directes de nos activités –, il est impératif de remettre en question nos modes de vie. Cette remise en cause est une urgence absolue. La pensée et l’action politiques doivent partir de cette nouvelle réalité.
Protéger la nature, comme prendre soin de sa santé, s’apprend. C’est en vivant des expériences dans la nature que l’on cultive un amour du vivant. Dormir dans une cabane en plein hiver, observer la faune sans la perturber, nager dans une rivière : autant d’expériences qui rappellent que nous ne faisons qu’un avec elle. A Paris, permettre aux enfants de faire classe dehors (et demain, la classe sur l’eau), dans des jardins ou même dans la boue, d’apprendre à nager dans la Seine ou de traverser des parcs sans grilles, sont des projets qui réconcilient l’écologie avec notre quotidien. Ces initiatives permettent de sortir des caricatures et des postures. L’écologie, vécue ainsi, est une promesse de mieux vivre. Elle n’a rien de punitif. Pour faire avancer l’écologie, il faut écouter les scientifiques, observer les transformations des autres grandes villes, coopérer avec tous les acteurs et associer les citoyens. Il faut partir de la vulnérabilité du vivant, questionner les conservatismes et s’adresser aux enfants, car ce sont eux qui seront en première ligne demain. Ce combat n’est pas gagné d’avance.
Si un «nouveau monde» existe, c’est celui où nous prenons enfin conscience de la fragilité de la vie humaine sur la planète Terre. Ce nouveau monde est celui du sentiment de finitude. Il n’y a pas de planète B. L’échappatoire que les oligarques imaginent sur Mars n’est pas une solution. La finitude des ressources naturelles, que nous exploitons de manière irrationnelle et dangereuse, est une certitude. Les données scientifiques sont claires : elles ont été étudiées, vérifiées, publiées, et elles sont à notre portée.
Intégrer ces vérités ne signifie pas vivre moins bien ou renoncer au confort. Cela implique de s’adapter et d’apprendre à vivre autrement. Cette réflexion concerne avant tout les pays industrialisés et riches, qui doivent réduire leur impact. Elle touche aussi les plus pauvres et les plus précaires, premières victimes du dérèglement climatique, qui aspirent à vivre dans une sécurité accrue, notamment dans les pays en développement. Il faudra vivre plus sobrement pour les uns, et enrayer la pauvreté pour les autres.
Les revendications des pays en développement sont claires et légitimes. Lors des grandes réunions internationales sur le climat, le «Sud global» – une expression désormais communément admise, bien qu’imparfaite – demande au «Nord» de financer les réparations dues à des modes de vie fondés sur une quête de croissance effrénée. Cette croissance s’est construite au détriment des capacités de notre planète à nourrir et à produire des ressources pour tous. La pensée politique doit accompagner cette transition. Elle doit permettre l’émergence d’une nouvelle philosophie politique : démocratique, sociale, humaniste et écologiste.
Il est urgent de sortir des sectarismes partisans, de cette course aux postes électifs où des personnes qui poursuivent presque les mêmes objectifs passent une grande partie de leur temps à se combattre, à se disputer les électeurs comme s’il s’agissait de parts de marché. Le risque est immense si la politique continue de s’isoler des intellectuels, des artistes, des mouvements sociaux et de la recherche du bien commun. Pourtant, il n’est jamais trop tard pour agir.