Depuis ses débuts, le Climat Libé Tour, événement tourné vers la jeunesse, associe à chacune de ses étapes une école de journalistes locale (CFJ à Paris, ESJ à Lille ou Dunkerque, Ejcam à Marseille, Ijba à Bordeaux) afin que les étudiants couvrent, avec leurs regards, l’actualité des forums. Reportages, comptes rendus, portraits, photos, interviews… Ces articles sont issus de leur travail.
Des post-it envahissent le tableau de l’amphi Fabre du campus Victoire. Des feuilles volantes traînent sur les bureaux. Les petits groupes relisent leurs notes. Toute la journée, une quinzaine de jeunes ont formé une assemblée éphémère pilotée par Oxfam et la Forêt des Possibles. Objectif : concevoir et formuler des propositions qui seront présentées à des élus de Bordeaux en fin de journée. Le Parlement génération transition s’est divisé en trois groupes. Un pôle Formation, un pôle Alimentation, un pôle Logement. Le compte rendu débute.
Victor, 19 ans, prend la parole pour le volet Formation. Sa première proposition souhaite «développer l’accessibilité, la diversité, et la gratuité des formations.» Si les étudiants sont directement ciblés dans cette première présentation, le jeune homme insiste sur le pan de la population qui souhaite reprendre ses études, qu’importe l’âge. «Il serait intéressant de mettre en place des évènements, tous les mois, afin de sensibiliser et créer un système de suivi de ces formations». Son second point s’appuie sur les aspects industriels de l’écologie. «Bordeaux pourrait créer une dynamique avec un pôle d’entreprises locales sur l’environnement. En attribuant un secteur à ces entreprises, on pourrait renforcer les liens et initier de la collaboration. Ça inciterait à s’implanter à Bordeaux.»
Entre rêve et ambition
Face à lui, Eve Demange, élue de la ville chargée de l’alimentation, griffonne sur un cahier. Elle est chargée de la réception des formulations proposées par le Parlement transition génération. Elle a à peine le temps de relever la tête que le pôle Logement prend le relais. «Au cours de la journée, notre fil rouge a été de créer du commun, de mutualiser», détaille timidement son représentant. Entre chantiers participatifs, jardins partagés ou conciergeries solidaires, la liste de propositions s’allonge. «Apprendre avec des entreprises du BTP comment rénover son propre logement pourrait créer du lien, générer des rencontres et mutualiser les coûts». Si certaines demandes restent difficilement applicables («l’interdiction de AirBnB» en tête), d’autres relèvent de concepts déjà existants, comme celui de «la ville de quinze minutes» où tous les services essentiels sont atteignables en un quart d’heure. Le discours s’achève sur une proposition de taxe foncière adaptable pour les propriétaires respectueux de l’environnement. «Une présentation très complète», entend-on dans le public. Au suivant.
«Suivez-nous !» Le pôle Alimentation mène le groupe dans une salle annexe pour l’ultime formulation de propositions. Sur un des murs, un tableau noir est recouvert d’étiquettes et de gribouillis colorés. «On a pondu une forêt d’idées», sourit le porte-parole du groupe. L’exposé s’ouvre sur quelques notions abstraites de «refonte sociétale» avant d’entrer dans le concret. «Notre système nous empêche d’avoir du temps pour soi, il faut se pencher sur cette question pour mieux cuisiner, prendre le temps d’aller chercher sa nourriture. On propose une augmentation de maraîchers locaux sur les campus et les universités, et la création de potagers gratuits et ouverts à tous». Gaspillage alimentaire, assiettes végétalisées, culture de la viande, reconnexion à la nature, les propositions fusent. «Il n’est pas logique d’imposer des règles environnementales aux agriculteurs et importer depuis des pays qui ne respectent pas nos propres règles», estime Virginie, 23 ans.
Un parlement de convaincus
Si le dernier groupe de ce parlement temporaire formule moins de propositions, certains ne perdent pas de vue l’objectif de la journée. «Qu’est-ce que la mairie peut et va garder ?», questionne une étudiante. «Qu’est-ce que vous aimeriez qu’on garde ?», répond astucieusement Eve Demange. «Avant tout, je suis venue pour entendre vos envies et vos rêves. J’ai été servie. Merci pour vos témoignages émouvants. J’ai rencontré de belles énergies». Aucune promesse d’applications n’a été prononcée, mais l’élue bordelaise l’assure : «je vous promets qu’on va travailler avec toutes ces propositions». Une seule remarque noircit sa conclusion. «Malheureusement, nous sommes ici entre convaincus. Nous avons eu de vrais échanges, mais on attire des personnes qui sont déjà en chemin vers cette transition écologique». Malgré ce «petit regret», le Parlement génération transition se clôt sur des applaudissements. Rendez-vous à Paris avec la prochaine étape du Climat Libé Tour.