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Forum Revenu de base : tribune

Participez au débat avec Martin Hirsch : le revenu universel, une solution pour les jeunes ?

Assumer des contreparties fortes à un revenu pour les jeunes, c’est probablement la meilleure manière de leur consolider leur revenu futur. Une tribune de Martin Hirsch, directeur de l’AP-HP, qui participera ce soir à 19h30 au Forum Live Libération.

Paris, le 30 mars 2020. Portrait de Martin Hirsch, directeur général de l'Assistance publique - Hôpitaux de Paris (AP-HP), dans les locaux du campus Picpus, avec les équipes de la régulation réanimation et du Covidom, pendant la crise du coronavirus (Covid-19). (Denis Allard/Libération)
Par
Martin Hirsch
directeur de l’AP-HP, ancien ministre
Publié le 11/06/2021 à 10h52

Quand on a entre 18 et 25 ans, on a besoin d’avoir de quoi vivre, se former et pouvoir entrer dans la vie active. Ceux qui sont pour le statu quo font une impasse sur le premier besoin et ne répondent pas au rajeunissement des files d’attente pour l’aide alimentaire, qui de marginal est devenu un problème d’ampleur. Je pense que ceux qui pensent uniquement «revenu universel» négligent les enjeux de formation et d’emploi, qui ne se résoudront pas tous seuls, dans un pays où l’on a moins d’une chance sur cinq de faire des études supérieures quand ses parents ne sont pas diplômés et où le chômage des jeunes est sensiblement plus élevé que le chômage de la population générale.

Je crains que si on s’orientait vers le revenu universel pour les jeunes, on néglige les deux autres besoins, soit parce qu’on considérerait à tort que la société s’est déliée de son obligation, soit parce qu’on n’aurait plus d’argent pour s’occuper du reste.

Je pense qu’on peut différencier la situation des jeunes de moins de 25 ans par rapport au reste de la population, non pas sur leur besoin financier mais sur la conditionnalité du revenu. Considérer que la contrepartie du revenu est l’obligation de se former, d’accepter un emploi ou de se consacrer à un engagement comme le service civique ne me choque pas. Au contraire, je pense que cela est plus utile pour l’avenir des jeunes. C’est ce qui m’avait frappé dans l’expérience danoise qui avait ainsi inversé la tendance à la fin des années 90, en faisant passer le chômage des jeunes nettement en dessous du taux moyen de chômage du pays. Assumer des contreparties fortes à un revenu pour les jeunes, c’est probablement la meilleure manière de leur consolider leur revenu futur.