Informer, débattre et envisager des solutions au plus près des réalités et des enjeux. Rendez-vous le samedi 16 décembre à la Friche la Belle de Mai, à Marseille (Entrée libre sur inscription dans la limite des places disponibles), pour la sixième et dernière étape de l’année 2023 du «Climat Libé Tour».
Représentant un tiers des émissions françaises, le secteur des transports demeure au cœur des tensions socioécologiques et des préoccupations des citoyens. Que ce soit la contestation des gilets jaunes contre la hausse de la taxe carbone en 2018, l’opposition à l’abaissement de la vitesse sur les routes départementales ou, plus récemment, le mécontentement généré par les débats autour de la limitation à 110 km/h sur l’autoroute ou le déploiement des zones à faibles émissions (ZFE), la question de la mobilité (notamment individuelle) génère une inquiétude profonde au sein de la société française. Or, une transition des mobilités sans acceptabilité sociale n’a que peu de chances de succès.
Pourquoi une telle opposition ? D’abord parce que les alternatives à la voiture individuelle manquent cruellement, notamment hors des grandes villes. Ainsi, d’après une étude de 2021, seule 28 % de la population rurale a accès à une gare locale à moins de vingt minutes à vélo. Ce chiffre s’élève à 40 % en ce qui concerne l’accès à un lycée. Par conséquent, si le vélo représente une solution pertinente dans la transition des mobilités, il est essentiel de penser de manière systémique en investissant massivement dans les infrastructures de transport collectif public. Il est par ailleurs crucial de travailler sur l’alternative individuelle aux voitures thermiques, les véhicules électriques, qui demeurent inaccessibles pour certains.
Dépasser l’opposition villes campagnes
Sur ce sujet comme sur beaucoup, il est bien entendu impératif de comprendre les difficultés propres aux territoires ruraux et périurbains, dépendant de la voiture et subissant un manque évident d’alternatives. Cependant, il faut veiller à ne pas antagoniser les territoires. De nombreuses aires urbaines subissent elles aussi des difficultés importantes dans la transition des mobilités. La métropole de Marseille, par exemple, souffre d’un manque chronique d’infrastructures de transport public et de pistes cyclables et étouffe sous la pollution des véhicules qui s’entassent dans l’une des villes les plus embouteillées de France.
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Par bien des aspects, certaines grandes métropoles sont, pour l’instant, mises en échec par la transition des mobilités. Dès lors, comment imposer la création de ZFE, excluant de facto les citoyens (urbains et ruraux) résidant hors du centre-ville, et espérer en même temps que la mesure soit acceptée par tous ?
Prendre la transition par le bon bout
Et si, en fait, les pouvoirs publics s’y prenaient à l’envers ? Pour la transition des mobilités comme ailleurs, il semblerait que la régulation précède bien souvent la solution. En somme, Marseille étouffe mais les Marseillais ont besoin de se déplacer. Et contraindre les déplacements sans offrir d’alternative, c’est la formule gagnante pour une crise sociale, la naissance d’un sentiment d’exclusion et la montée d’un populisme fossile prêt à saisir la moindre occasion pour s’attaquer aux régulations environnementales – comme il le fait à Bruxelles en ce moment même.
C’est désormais aux pouvoirs publics de faciliter la transition des mobilités pour toutes et tous. Une transition juste, qui connecte les territoires, améliore la qualité de l’air mais qui, plus que tout, ne laisse personne sur le bord de la route.