Rencontres, débats, Ciné débat et animations pédagogiques... L’édition 2025 du festival «Naturellement!», organisé par la Fédération Biogée du 3 au 5 octobre, aura pour thème «Quelle alimentation pour la santé de demain ?»
«Aujourd’hui, l’impact sanitaire majeur de l’alimentation vient de l’aspect nutritionnel, avant même les pollutions. En s’occidentalisant, les régimes alimentaires sont devenus insuffisants en fruits et légumes, trop riches en sucre, en sel et en céréales raffinées. Or cette alimentation favorise les maladies cardio-vasculaires et les cancers : ces corrélations sont avérées depuis des décennies. Ce qui est plus récent, c’est la connaissance de l’impact des aliments ultra-transformés, avec ces additifs qu’on ne trouve pas dans les cuisines des particuliers, tels que le sirop de glucose-fructose.
«Ces produits industriels reposent sur l’argument du prix, qui reste encore le premier facteur de choix pour le consommateur. Mais en réalité, cette alimentation low-cost a d’énormes coûts cachés, assumés in fine par l’ensemble des citoyens et des contribuables : des coûts environnementaux (effondrement de la biodiversité, traitement de l’eau potable, émission de gaz à effet de serre, exposition généralisée aux polluants agricoles…) et des coûts sanitaires (dont les conséquences seront en partie assumées par les prochaines générations). Le mensonge de l’alimentation peu chère est un argument puissant pour maintenir un système qui n’est souhaitable ni pour l’environnement, ni pour les consommateurs, encore moins pour les agriculteurs, souvent eux-mêmes victimes de ce système. La responsabilité est beaucoup plus globale. C’est l’ensemble du système alimentaire qui ne va pas dans le bon sens.
«Aujourd’hui, la cherté du bio est en partie artificielle, amplifiée par le mode de distribution. Car les grandes surfaces ne jouent pas le jeu de proposer du bio au grand public, et le positionnent au contraire comme un produit de luxe, car elles jugent que les gens sont prêts à le payer plus cher. Ainsi, les pommes labellisées AB sont moins chères dans une Biocoop que chez Carrefour.
«Par ailleurs, un agriculteur qui veut se lancer dans le bio, l’agriculture de conservation ou l’agroforesterie rencontre encore beaucoup d’obstacles : le regard des voisins, des difficultés techniques et agronomiques, des subventions versées en retard, etc. Les magistrats de la Cour des comptes, pourtant peu enclins à encourager les dépenses publiques, ont listé dans un rapport de 2022 les impacts environnementaux et sanitaires du bio. Leur conclusion est sans appel : il faut subventionner davantage le bio. Elle interroge : pourquoi n’y a-t-il pas davantage d’engagement des pouvoirs publics ?
Décryptage
«Si le bio souffre aujourd’hui d’une trop faible demande, c’est en partie à cause de son prix, nous le disions, mais aussi du discours alimenté par une partie des agriculteurs et des industriels de l’agroalimentaire, qui dénoncent le coût et l’inutilité du bio. Ce sont des contre-feux qui visent à semer le doute, alors même que les arguments scientifiques sont là.»
Cette stratégie rappelle celle de l’industrie du tabac à la fin des années 80, comme démontré par Naomi Oreskes et Erik M. Conway dans leur ouvrage les Marchands de doute. Car s’il est difficile de donner des chiffres globaux, une chose est sûre : le bio expose moins aux polluants, et notamment aux résidus de pesticides.