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LibéCare: éditorial

Pour la santé, l’intelligence artificielle peut devenir une alliée

LibéCARE. Pensez la santé demaindossier
Si les outils de l’IA semblent apporter plus de gains que d’angoisses au secteur de la santé, confronté à une baisse de ses moyens financiers et humains, leur application doit être soigneusement encadrée.
(Jeanne Macaigne /Libération)
publié le 1er décembre 2023 à 12h24

Le récent psychodrame à la tête de l’entreprise OpenAI, maison mère de ChatGPT, qui a vu le PDG se faire limoger pour avoir privilégié le business à l’éthique avant d’être rappelé aux commandes cinq jours plus tard, montre que le secteur de l’intelligence artificielle est déchiré par des interrogations existentielles et que deux camps sont en train de se former : les tenants de la prudence et ceux de la rentabilité.

On imagine sans peine à quel point l’humanité peut un jour être menacée si ces inventeurs géniaux se mettaient soudain à inventer sans garde-fous. Il est en revanche un domaine où l’IA semble apporter aujourd’hui bien plus de gains que d’angoisses, c’est la santé. «C’est là où l’IA a l’impact le plus clair et le plus fondamental aujourd’hui», nous a déclaré dans une interview passionnante le mathématicien et ex-député Cédric Villani qui sera une des têtes d’affiche de la seconde édition du LibéCare, un forum qui s’ouvre ce vendredi à Caen, jusqu’à samedi, pour débattre des modèles de santé de demain.

Et ce n’est pas du luxe tant le secteur est confronté à une baisse de ses moyens financiers et humains au moment même où il doit gérer une hausse du nombre de patients du fait du vieillissement de la population, du retour des épidémies et de l’augmentation de certaines pathologies comme les cancers ou les maladies cardiovasculaires. C’est là où l’IA peut apporter un avantage que nous a résumé Jean-Emmanuel Bibault, un médecin spécialiste du sujet : «L’IA fera ce que les humains font déjà, mais en beaucoup plus vite, et fera ce que les humains ne savent pas faire, par exemple : prédire.»

Faut-il pour autant foncer les yeux fermés ? Non, bien sûr que non. Toute technologie nouvelle doit être soigneusement encadrée. On imagine le trésor que peuvent représenter les données de santé, celles-là mêmes qui nourrissent les algorithmes, si elles tombent dans de mauvaises mains. Il faut impérativement savoir les protéger, «trouver une régulation qui permette de les exploiter sans nourrir et enrichir les Gafam, ni s’exposer à la menace des rançongiciels», explique le chercheur Jean Charlet. Un défi passionnant et vertigineux.