Fin décembre, les 500 000 habitants de la métropole de Montpellier bénéficieront de la gratuité des transports dans les bus et les trams. Une mesure à imiter dans toutes les villes de France ? Rendez-vous le 21 décembre, à l’Opéra Comédie pour un débat sur les enjeux de la mobilité. Entrée libre sur inscription.
C’était il y a cinq ans, novembre 2018, la France des invisibles se donnait rendez-vous sur les ronds-points. Eloignés des centres-villes, de l’emploi, relégués en périphéries et dans les zones rurales, ces condamnés au tout-voiture dénonçaient la pire des injustices, celle de devoir payer plus cher leur carburant, juste pour avoir le droit d’aller travailler. Premières victimes d’une fracture territoriale qui ne cesse de s’accroître, les classes populaires sont contraintes de payer un impôt qui n’affectera pas les classes aisées des centres-villes, renforçant toujours plus le sentiment d’abandon.
L’immobilité comme mère de toutes les injustices, les privant de l’accès au modèle social français et accélérant la précarité : une personne sur quatre a déjà renoncé à un emploi faute de mobilité, et ce chiffre monte à la moitié pour les jeunes. La colère des gilets jaunes nous impose d’engager un changement de paradigme, de dessiner un nouveau droit à la mobilité.
En devenant la première métropole à rendre totalement gratuite son offre de transport en commun, Montpellier donne une accessibilité illimitée à tous ses habitants. La gratuité, quand elle est possible, est un outil formidable au service de l’égalité sociale et de la lutte pour le climat.
Dans ma région des Hauts-de-France, la ville de Dunkerque a valeur d’exemple et a montré une vraie réussite. Une plus grande mobilité, une efficacité accrue et une réappropriation des transports par les jeunes : qui a dit que gratuité était synonyme de faible qualité ? Ce modèle vertueux doit nous inspirer pour promouvoir des offres de transports durables et accessibles pour tous les Français.
Une offre de transports publics renforcée permettra de vider les voitures des centres-villes, premières responsables de la pollution de l’air. Il faut en finir avec la culture du tout-voiture, et laisser enfin la place aux multiples moyens de transport durables qui peuplent nos villes : micromobilités innovantes, vélos et marche.
Dans la ville de demain, l’efficacité se conjugue avec le partage et la mise en commun des moyens de transport : location de voiture entre particuliers, autopartage, vélopartage, covoiturage… Le leasing de voitures électriques est également une option pertinente à encourager, à condition que le dispositif soit vraiment accessible à tous et, en priorité, aux précaires de la mobilité.
Face à la fracture territoriale qui fragmente la société française, il faut rendre le train populaire et faire revivre les lignes du quotidien. Tel est le but du «ticket climat» que je porte, sur le modèle allemand : un abonnement de 49 euros par mois pour permettre un accès en illimité à l’ensemble des trains Intercités, TER et transports urbains. A l’instar de nos voisins allemands, il nous en coûterait 3 milliards par an.
Pensé dans le but d’être accessible à toutes et tous, le «ticket climat» est un véritable choc de prix et de simplification visant à augmenter le nombre des voyageurs, et actionnant ainsi une mécanique vertueuse vers une offre de transport public améliorée, une infrastructure régénérée, avec pour corollaire le désenclavement de populations entières. La longue distance à 49 euros par mois conjuguée aux tarifications sociales des métropoles, telle est l’équation.
Il faut reconstruire un modèle social français où la dimension mobilité doit prendre toute sa place. La mobilité accessible pour tous doit être un véritable levier de réduction des inégalités sociales.