Avec tous les territoires engagés pour des solutions solidaires, le département de la Gironde, la ville de Bordeaux, la fondation Jean-Jaurès, Libération et plus de 60 organisations composant le Pacte du pouvoir de vivre proposent de débattre de six grandes solutions. Qu’elles soient éprouvées ou encore à expérimenter, ces solutions sont autant d’outils mis à la portée de toutes et tous pour tenter de fabriquer ensemble une écologie solidaire. Pour en discuter, rendez-vous le 9 février prochain dans les locaux du département de la Gironde.
L’Europe sociale est-elle un miroir aux alouettes ? A chaque élection européenne, cette promesse revient avant d’être immanquablement suivie d’une nouvelle désillusion. Pourtant, des signaux récents invitent à se montrer plus optimiste. C’est par exemple l’Europe qui soutient l’instauration d’un «Smic européen», c’est-à-dire des salaires minimaux adéquats dans ses pays membres, ou qui défend la présomption de salariat pour les travailleurs des plateformes, actuellement bloquée par la France.
Alors que 12,9 millions d’Européens sont privés d’emploi, la proposition d’une garantie d’emploi territorialisée gagne en crédibilité en Europe. Déjà expérimentée en France depuis 2016 à travers les territoires zéro chômeur de longue durée (TZCLD), elle rassemble aujourd’hui 60 territoires qui ont permis l’embauche de 3 500 personnes. Partant d’une mobilisation des parties prenantes du territoire, il s’agit de créer des emplois supplémentaires grâce à des entreprises à but d’emploi qui recrutent, sur la base du volontariat, des chômeurs de longue durée en CDI, au smic et à temps choisi, pour réaliser des travaux utiles localement et répondant aux envies et savoir-faire des personnes privées d’emploi.
Cette expérimentation a été dupliquée en Belgique, en Italie ou en Autriche, tandis que des dispositifs proches sont mis en œuvre en Grèce, aux Pays-Bas ou en Allemagne. Le commissaire européen aux droits sociaux et à l’emploi, Nicolas Schmit, a annoncé l’été dernier un fonds visant à encourager la diffusion de ces initiatives. Loin des initiatives sans suite et des discours sans lendemains, la garantie d’emploi est une utopie concrète déjà en cours de réalisation.
Elle suscite une forte adhésion des populations, comme a pu le montrer une étude de la Fondation européenne d’études progressistes (Feps). Elle est soutenue par 90 % des Français, 85 % des Belges, 91 % des Italiens et 75 % des Allemands. 44 % des personnes interrogées préconisent un déploiement à l’échelle européenne. La députée européenne Aurore Lalucq et l’économiste américaine Pavlina R. Tcherneva suggèrent ainsi de la cibler sur les emplois verts et l’économie du care pour venir non seulement réaliser le socle des droits sociaux européens mais aussi contribuer au Pacte vert pour l’Europe.
Avec la Fondation Jean-Jaurès (1), nous proposons un programme de garantie d’emploi reposant sur cinq piliers, directement inspirés des expérimentations en cours : la création d’un fonds européen ad hoc dédié à la diffusion de la garantie d’emploi dans les pays membres ; la construction d’un modèle de gouvernance décentralisé reposant sur les acteurs de l’ESS et les collectivités locales ; la conception d’activités concourant à une transition juste ; la participation volontaire des personnes privées durablement d’emploi ; la création d’emplois décents.
En ouvrant un horizon d’émancipation à partir de la dialectique entre expérimentation locale et réforme sociale, la garantie d’emploi territorialisée est l’une des principales propositions aptes à réenchanter le projet européen.