Rencontres, débats, Ciné débat et animations pédagogiques... L’édition 2025 du festival «Naturellement!», organisé par la Fédération Biogée du 3 au 5 octobre, aura pour thème «Quelle alimentation pour la santé de demain ?»
«Pour les plus pauvres, l’alimentation saine est devenue une injonction absurde. En France, les politiques publiques d’alimentation à destination des plus précaires ne sont pas pensées à partir des besoins des individus, mais sur la base de l’écoulement du surplus agricole et des déchets alimentaires, très liés aux modes de production et de distribution actuels. Pourtant, pouvoir se nourrir sainement – c’est-à-dire d’une façon équilibrée, en répondant aux besoins de la personne sans porter atteinte à sa santé, et sans dégrader les écosystèmes – devrait être un droit fondamental, au même titre que l’accès à un logement décent.
«Mais aujourd’hui, face au coût très élevé du logement, l’alimentation devient l’une des rares variables d’ajustement possible pour des millions de foyers, et une source de difficulté et de stress davantage qu’un plaisir. Rien d’étonnant à ce que les structures d’aide alimentaire soient submergées par l’explosion de la demande. Les barrières pour accéder à des repas sains augmentent, les inégalités se creusent. Le même panier coûtera beaucoup plus cher pour une personne en situation de pauvreté, à cause du manque de mobilité donc du manque de choix.
Plus exposés aux produits toxiques
«Par ailleurs, quand vous avez un logement indécent, ou quand vous habitez en hôtel social depuis dix ans, vous ne pouvez pas cuisiner ni recevoir des proches pour partager un repas. Et bien sûr, les produits les moins chers, qui remplissent le ventre, sont souvent les plus transformés, les moins qualitatifs et les plus pollués. La présence de produits toxiques augmente fortement de façon globale, mais les plus pauvres sont clairement les plus exposés ; c’est d’autant plus inégalitaire que ce sont eux qui ont l’empreinte écologique la plus faible, et qu’ils ont acquis des capacités d’adaptation énormes qui seront nécessaires au vu des bouleversements en cours. Pour une alimentation saine pour tous, il faut absolument changer la société.
«Chez ATD Quart Monde, nous souhaitons partir des expériences et des connaissances des plus pauvres pour construire les choses autrement, et permettre à chacun de se nourrir de façon moins subie. Aujourd’hui, nos combats se concentrent sur le revenu minimum, fortement attaqué – ce qui relève d’une atteinte au droit constitutionnel à des moyens convenables d’existence. Chacun doit pouvoir disposer d’un revenu suffisant lui permettant de s’alimenter et de se loger correctement.
«Nous défendons des politiques fondées sur l’accès de tous aux mêmes droits et non sur des dispositifs spécifiques, tels que l’aide alimentaire ou les chèques alimentaires. Car ces derniers restreignent encore les choix des plus précaires – ce sont alors parfois des stratégies de survie qui s’effondrent. Surtout, ces outils ciblés sont stigmatisants, même quand ils sont fondés sur de bonnes intentions.
«Les plus pauvres n’ont pas besoin qu’on décide pour eux, ils n’ont pas besoin d’être “éduqués”, et ils n’ont pas besoin de honte supplémentaire. Ils doivent être pleinement acteurs de changement.»