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LibéCARE: débats

«Préparatrice en pharmacie à l’hôpital ? Je n’aurais jamais imaginé que cela existait»

LibéCARE. Pensez la santé demaindossier
Le LibéCARE a offert l’occasion, vendredi 1er décembre à Caen, de rencontrer associations locales et professionnels de la santé qui agissent au quotidien pour la santé de tous, et luttent contre la désertification médicale qui touche certains territoires de Normandie.
Au MoHo, tiers-lieu à Caen, lors des débats organisés par LibéCARE. (Christophe Halais/Libération)
publié le 4 décembre 2023 à 13h17
Innovation, changement climatique, intelligence artificielle, éco-anxiété : comment mieux réparer sa santé ? C’était le thème des rendez-vous de Rouen et Caen les 30 novembre, 1er et 2 décembre au MoHo, avec le LibéCARE.

Dans le grand hall du MoHo, le tiers-lieu innovant installé sur le quai Amiral-Hamelin, une petite ruche s’est mise en place dans les heures matinales du vendredi 1er décembre. Des dizaines d’associations sont sur le pont, avec prospectus, goodies et bagou, pour convaincre, et montrer qu’il faut un village pour assurer une bonne santé à tous et toutes.

Dans la région d’Annie Ernaux, la Maison des femmes du Havre (qui a ouvert ses portes en juin), l’institut médical Simone-Veil (qui assure un accès aux interruptions volontaires de grossesse à Rouen) et la fédération régionale du CIDFF se sont rassemblées sur une même table pour faire front et montrer que la lutte contre les violences faites aux femmes et la bataille pour leur souveraineté reproductive restent des enjeux actuels.

Dans une région dynamique comme la Normandie, plusieurs associations sont venues présenter leur travail autour du sport : c’est le cas de Planeth Patient, la plateforme normande d’éducation thérapeutique, venue présenter son programme «Bouger pour ma santé» invitant les personnes touchées par une maladie chronique à reprendre une activité physique, mais aussi la formidable association Sur les pas de So qui organise chaque année dans les départements de Normandie plusieurs week-ends de marche avec conférences sur une problématique de santé.

La lutte contre les effets de la désertification médicale

Même si la Normandie n’est pas la plus touchée par la désertification médicale, elle présente selon les dernières données de l’agence régionale de santé une densité en médecins spécialistes de 140 pour 100 000 habitants. Aussi, de nombreuses associations et organismes se sont montés localement pour permettre à tout un chacun de bénéficier d’un suivi médical ou d’une bonne continuité des soins. C’est le cas du Réseau de services pour une vie autonome, qui permet à toute personne en situation de handicap de bénéficier d’un suivi médical approprié sur le territoire. Le réseau Doctobus Evreux portes de Normandie et la Cellule de coordination des soins non programmés en Normandie sont également venus présenter leurs solutions, portées localement, pour que les personnes éloignées des zones urbaines puissent bénéficier d’un suivi médical, et pour que tout le monde puisse avoir rapidement accès à une réponse médicale appropriée par téléphone afin de désengorger les services d’urgences.

L’attractivité médicale est aussi un enjeu au cœur de ce forum : puisque LibéCARE attire des professionnels de la santé et des étudiants par centaines, autant les convaincre de s’installer sur place. Med’Instal est un outil parfait pour retenir et attirer les professionnels de santé : le portail web propose des cartes avec les offres d’emploi et d’installation disponibles sur le territoire, des terrains de stage sur plus de 110 établissements de santé et 200 structures pluri-professionnelles, mais aussi un véritable annuaire. Une façon d’illustrer concrètement les propos de Hervé Morin, président de la région Normandie, invitant les professionnels à poser leur valise : «En exerçant en Normandie, vous faites le bon choix : une qualité de vie unique entre mer, campagne, villes moyennes et grands centres urbains.»

Un forum des métiers qui a fait des émules

Mais le plus intéressant dans cette petite fourmilière de personnes convaincues par l’intérêt de se battre pour un accès universel à la santé, c’est le village des métiers de la santé, animé par l’agence régionale de l’orientation et des métiers de Normandie. Une trentaine d’étudiants de la Maison familiale et rurale de Maltot, âgés de 16 ans à 18 ans, est venue mettre des visages sur des métiers. Ils sont inscrits en Bac pro services aux personnes en alternance et papillonnent de stands en stands.

Infirmières, aides soignants, pharmaciens hospitaliers ou en bloc opératoire, auxiliaires de puériculture ou auxiliaires de vie, tous les professionnels de la santé proposent de dialoguer avec les publics, ainsi que des activités immersives (allant de l’Escape Game à la simulation d’une prise de sang) qui font vibrer les jeunes qui ont la chance d’être déjà en contact avec le monde du travail dans le cadre de leurs études. Manon, 17 ans, serre contre elle une blouse bleue. Elle vient de découvrir le protocole de préparation d’une salle d’opération, et en est persuadée : «Je veux être infirmière, faire des prises de sang et tout.» Ses copines, Morgane et Léa (18 ans et 16 ans), ont quant à elles été convaincues par l’atelier de changes, avec un impressionnant mannequin réaliste, proposé par le lycée professionnel de Caen, l’Oasis.

Chloé, 16 ans, qui a déjà fait des stages en services à la personne au domicile de personnes âgées est heureuse d’avoir découvert des métiers dont elle n’avait pas connaissance : «Préparatrice en pharmacie à l’hôpital, j’aurais jamais imaginé que ça existait.» Mais la jeune fille et ses copines ont surtout été impressionnées par les ateliers proposant à tous et toutes de pratiquer des soins sur des mannequins ou de vivre quelques secondes dans le corps d’une personne touchée par l’arthrose, par exemple. Bien qu’ils et elles sachent combien les métiers vers lesquels ils se dirigent sont durs et peu reconnus, le forum nourrit leurs vocations au service des autres.