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Libération
Place à Demain: initiative

PunchLyn, le verbe haut

Place à Demaindossier
La rappeuse roubaisienne Lyna Ziani, alias PunchLyn, multiplie les projets musicaux pour aider les jeunes des quartiers à faire entendre leurs voix.
Des jeunes se produisent sur scène lors d'un atelier musical animé par PunchLyn.
par Clémence de Blasi
publié le 9 janvier 2024 à 13h43
Les 26 et 27 janvier 2024, Libération coconstruit avec les moins de 30 ans Place à demain. Un événement dédié à l’écoute de la jeunesse et ouvert aux débats entre toutes les générations. Une soirée et une journée de rencontres gratuites, au Théâtre du Nord et en partenariat avec la Métropole européenne de Lille, le Théâtre du Nord, la CCI Grand Lille Hauts-de-France, l’université de Lille, la Voix du Nord et BFM Grand Lille. Entrée libre sur inscription.

Son débit est rapide, ses gestes vifs. Lyna Ziani, PunchLyn de son nom de scène, à l’habitude de foncer. Pas le temps de traîner : la rappeuse de 29 ans multiplie les projets, les idées, avec une énergie communicative. Au fil des années et des rencontres, elle a entraîné dans son sillage quelques dizaines de jeunes, devenus des fidèles. Un noyau dur très soudé, formé au gré des divers ateliers musicaux qu’elle a animés.

Née dans le Nord, «Roubaisienne à mort», Lyna Ziani se lance dans le rap à 18 ans, «un peu par hasard». «J’ai toujours eu besoin de poser sur du papier ce qui me tracassait. Au lycée, j’avais beaucoup de temps à tuer, donc je m’amusais à écrire des textes avec des copains», retrace-t-elle. Le simple loisir se mue vite en idée fixe : elle n’est âgée que d’une vingtaine d’années à la sortie de ses premiers titres, qui rencontrent un joli succès.

Tout s’entremêle avec facilité

Un savoir-faire acquis «sur le tas» qu’elle entend bien transmettre et partager par le biais d’ateliers d’écriture, de création musicale ou de coaching scénique. «Le rap, ce n’est pas du tout prétentieux : on n’a pas besoin de grand-chose pour commencer. Juste un beat et des paroles. C’est simple, rassembleur, et ça permet de se canaliser», observe la jeune femme.

Un pied dans l’action artistique et culturelle, l’autre dans le social : chez elle, tout s’entremêle avec facilité. «J’ai toujours été celle à qui on demandait conseil, celle qu’on appelait pour jouer les médiatrices, ajoute-t-elle en souriant. C’est ma vocation, je ne peux pas faire autrement. J’ai besoin de faire plein de choses ; mes différents projets se nourrissent.»

Avec son association, Zéro Vice City, elle cherche à véhiculer un état d’esprit. En binôme avec son complice Sofiane Toumi, rappeur lui aussi, Lyna Ziani aide collégiens, lycéens et jeunes adultes à s’exprimer, en développant leur créativité. «Mes textes ont progressé ; j’ai appris à mieux faire des rimes, à choisir des instrus, à avoir un bon flow», se réjouit Camille, 12 ans. Avec Lila, sa meilleure amie, elles ont écrit le morceau Majeures trop tôt, dans lequel elles évoquent leur nostalgie de l’enfance. «Le groupe est bienveillant, on peut parler de tout sans se faire critiquer, complète son acolyte. Avant je voyais une psy, mais le rap me réconforte davantage, on est comme en famille ici !»

Une agora pour s’exprimer

Entourée d’inconditionnels et d’amis, Lyna Ziani cultive son réseau, pour mieux offrir des opportunités aux jeunes qu’elle côtoie à longueur d’années. Après les émeutes urbaines de juin 2023, la rappeuse a organisé une agora à Roubaix, avec un collectif d’artistes locaux, pour libérer les mots. «A la mort de Nahel, j’ai passé deux nuits entières à parler avec les jeunes qui bloquaient mon quartier. Je voulais comprendre leur colère, et aider.» Grande sœur à l’écoute et dévouée, elle passe tous ses étés à proposer des activités à des ados désœuvrés. «Il y a un vrai besoin de débattre, de parler, constate-t-elle. Je fais en sorte d’agir et de créer de manière engagée, en mettant en lumière ce qui se passe dans la société.»