Responsable de 18 % des émissions de gaz à effet de serre en France, l’industrie est le troisième secteur économique le plus émetteur après les transports et l’agriculture. Bien que ses émissions aient diminué de moitié depuis 1990 grâce à des gains d’efficacité énergétique, cette baisse résulte aussi de la désindustrialisation.
Aujourd’hui, pour répondre aux objectifs de la Stratégie nationale bas-carbone, l’industrie doit réduire ses émissions de 37 % d’ici 2030. Cette transformation, comparable à une révolution industrielle, demande des investissements massifs des industriels et un soutien accru de l’Etat pour préserver la compétitivité dans un contexte global marqué par des écarts de normes environnementales.
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La décarbonation de l’industrie repose principalement sur une trajectoire établie à partir des feuilles de route élaborées par les entreprises les plus émettrices de CO₂ et un soutien public sous forme de subventions. Or cette politique porte le risque d’une transition sous-optimale, influencée par des stratégies d’entreprise court-termistes ou reposant sur des technologies de rupture coûteuses et parfois risquées pour éviter une réforme en profondeur des modèles d’affaires des entreprises.
Débat fondamental
La politique industrielle de l’Etat doit désormais dépasser cette approche et incarner une véritable vision de long terme, en devenant un cadre stratégique qui oriente les entreprises vers des solutions durables et économiquement viables. Dans ce cadre, le soutien public à l’industrie doit devenir un investissement pour le futur du pays : rappelons que l’industrie compte 3,3 millions d’emplois. Une telle politique doit aussi inclure la société civile dans les décisions, en ouvrant un dialogue qui engage les citoyens, les travailleurs et les communautés locales dans la définition de l’avenir industriel.
La société civile doit pouvoir prendre part à un débat fondamental qui n’a pas eu lieu : «Quelle industrie souhaitons-nous pour l’avenir, et quels besoins essentiels doit-elle servir ?»
De leur côté, les entreprises doivent évaluer et anticiper l’impact de leur décarbonation sur les emplois et compétences et en faire un sujet de dialogue social structurant la stratégie d’entreprise.
Au-delà des impératifs environnementaux, il s’agit désormais de dessiner une transition juste de l’industrie capable de répondre aux besoins essentiels du pays et de ses habitants, en garantissant souveraineté économique, respect des limites planétaires et prise en compte des enjeux sociaux.