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Une saison à la montagnedossier
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Confessions de Cécile Coulon, roman noir au pied du Mont-Blanc, hiver dans les Ecrins ou sauvetages en compagnie du PGHM de Chamonix, notre sélection hivernale (en attendant notre supplément Montagnes dans Libération ce week-end).
Le cirque de Gavarnie, dans les Pyrénées. (Lilian Cazabet /Hans Lucas. AFP)
par Didier Arnaud, Fabrice Drouzy et François Carrel, correspondant à Grenoble
publié le 25 novembre 2022 à 1h00
(mis à jour le 4 janvier 2023 à 16h33)

Le pied à terre, de Cécile Coulon (entretien avec Fabrice Lardreau éditions Arthaud)

Nouvel opus de la collection «Versant intime, entretiens avec Fabrice Lardreau», qui depuis 2018 permet à de grands écrivains (Michel Butor, Philippe Claudel, Belinda Cannone, Jean-Christophe Rufin…) de raconter leur passion pour les cimes. C’est Cécile Coulon qui cette fois nous livre ses montagnes intimes, celles de l’Auvergne qu’elle parcourt à petit trot depuis son plus jeune âge, dressant, comme nombre de ses prédécesseurs un parallèle entre écriture et marche : «J’écris comme je cours ; c’est pour moi le même mouvement, le même souffle… Je pratique l’écriture et la course avec les mêmes priorités : ne pas s’alourdir, ne rien prendre de superflu […] Le rapport entre le poids et la puissance, primordial pendant la course, est transposable dans l’écriture romanesque.» Une approche dynamique, loin de l’image du poète contemplatif et sédentaire, qui s’accorde bien avec la personnalité lumineuse de cette jeune autrice en mouvement perpétuel. F.D.

Dans un recueil illustré par Eric Savoldelli, le gendarme André-Vianney Espinasse se remémore sept sauvetages dans des conditions extrêmes.

Avec les Amants du Mont-Blanc, Christophe Ferré livre un beau polar alpin traité avec réalisme.

Avec le Seigneur des Ecrins, Gérard Guerrier propose un beau polar alpin dominé par la nature sauvage et les montagnes de l’Oisans.

«Bouts du monde», spécial montagnes (printemps 2022)

Dans ce numéro, on peut commencer par où on veut. Le haut, le bas, l’inverse. Essayons «Mal barrés» dans le Verdon, avec Matthieu Haag et Landry, deux alpinistes en difficulté sur une paroi verticale de plus de deux cents mètres. «Pourquoi ne recule-t-on pas dans ces moments-là ? […] C’est étrange, cette propension à ne pas lâcher quand on se laisse entraîner dans un plan improbable. L’ambiance est bizarre […] Sincèrement, je sens la mort dans l’air du Verdon. […] Il n’y a plus de vent, plus de cliquetis, plus de souffle de vie. Juste un silence qui tue.» Plus calme, le travail de Camille Poirot qui part s’immerger avec un mois de vivres pour s‘émerveiller de la nature sauvage. «Je m’ébahis toujours comme au premier jour de leurs aptitudes montagnardes exceptionnelles, dit-il à propos des isards. Leur endurance et leur agilité ne trouvent d’égal que dans le mépris insolent du vide.» L’ours passe dans la nuit et il trouve des poils à quelques mètres de la cabane où il dort… Il y a aussi Vincent Desplanche, qui dessine les Pyrénées. «En escaladant la montagne, je me confronte à beaucoup plus grand que moi. Plus je monte, plus la vue s’élargit. Au fur et à mesure que je m’élève, je rapetisse. Arrivé en haut, je suis minuscule mais j’ai chaussé les yeux de la montagne, je suis devenu un géant.» Une affaire de perspectives. Tout est dit. D.A.

La traversée des Alpes à ski, de refuge en refuge, depuis Menton jusqu’à Trieste. Quatre-vingt-trois jours repartis sur quatre hivers dans cet univers de haute montagne qui n’est «pas encore le Ciel, plus vraiment la Terre».

Jean-Marc Rochette revient avec une imposante bande dessinée sur une ourse mythique, un récit montagnard et philosophique s’étirant du Néandertal à nos jours.

Le Ski français (éditions Glénat, tome I)

Avec cette livraison on retrouve cette question éternelle de l’identité, de la culture et des visions propres à l’Hexagone. Regardons Jean Vuarnet, qui s’impose à aux Jeux olympiques à Squaw Valley (1 960) avec cette position de l’œuf (le schuss…) qui a «sidéré» les autres concurrents. «La spécificité de nos champions a été d’être disruptifs en termes de techniques de ski, d’aborder la recherche de la performance en inventant des gestes permettant d’aller plus vite et plus fort plus bas.» Ainsi, Michel Canac, disparu skis aux pieds dans les Ecrins en 2019, «dont la spécialité était de casser les codes et les piquets avec sa vision de raccourcir la ligne» ? Mais attention, «si la vitesse est en train de devenir obsolète, alors est-ce que ralentir serait une posture révolutionnaire ?» La revue ne craint pas le paradoxe et nous emmène randonner, avec cette idée en tête, de l’historien Laurent Vidal : «Les hommes lents sont subversifs.» Une bonne nouvelle. D.A.

La grande traversée des Alpes (éditions Guérin-Paulsen)

Le guide de haute montagne Jean Annequin retrace dans ce livre, textes sensibles et photos lumineuses à l’appui, son étonnante traversée des Alpes en ski de randonnée, de Nice à Vienne, engagé depuis… quatorze ans. Chaque hiver, il réunit un groupe de clients fidèles pour une nouvelle étape de huit à dix jours, reprenant la trace au point atteint l’année précédente, explorant des portions sauvages et méconnues du grand massif. Une ode au raid à ski, à l’effort et la persévérance, à la contemplation, à l’amitié et l’esprit d’équipe forgés par des journées interminables, des heures de grâce et des moments de doutes, des coups de blizzards et d’innombrables nuits à l’abri précaire mais miraculeux de refuges d’altitude enterrés sous la neige. Un témoignage rare aussi sur l’essence, les difficultés et la beauté du métier de guide. F.C.