Energie, transports, rénovation durable, végétalisation… En 2023, «Libé» explore la thématique de la transition écologique lors d’une série de rendez-vous inédits. Objectif : témoigner des enjeux et trouver des solutions au plus près des territoires. Quatrième étape à Dunkerque, les 13, 14 et 15 octobre.
«Mes vingt premières années étaient plutôt high-tech. J’espère que mes vingt prochaines années seront plutôt low-tech», sourit François Thumerel, 49 ans. L’ingénieur a quitté le secteur de l’industrie il y a trois ans pour celui des technologies durables. On le retrouve à la Halle aux sucres, tiers-lieu de la ville durable à Dunkerque, où il anime un atelier de réalisation d’une fresque des low-tech. Une démarche pour fabriquer et produire mieux avec moins, en réduisant les consommations de matières premières et d’énergie. «Quelles réponses sociétales et environnementales peut-on apporter pour continuer de vivre sur une planète habitable ? L’enjeu est là aujourd’hui. Les fresques des low-tech, du climat ou du numérique, sont des outils démocratiques pour questionner ensemble nos pratiques quotidiennes et décider comment faire autrement», considère l’animateur.
«Démarche zéro déchet»
François Thumerel a commencé sa carrière d’ingénieur au début des années 2000. Les trois premières années, il travaille sur les prémices de la voiture autonome. Avant de consacrer sept ans au développement de drones et enfin dix ans à l’industrie nucléaire. Mais plus sa carrière avance, plus il s’interroge sur l’avenir : le sien et celui de la planète. «En 2018, quand le ministre de la Transition écologique [Nicolas Hulot, ndlr], qui était quelqu’un d’engagé sur ce sujet depuis des dizaines d’années, constate qu’il fait face à des blocages, ça me questionne beaucoup», se souvient l’ancien ingénieur.
La démission d’Hulot, la multiplication des marches pour le climat et la diffusion d’un Cash investigation sur le plastique révélant les montagnes de déchets occidentaux envoyés dans des pays défavorisés accélèrent sa transition. «A cette époque, je mangeais beaucoup de pâtes achetées sous plastique, alors je me suis intéressé à la démarche zéro déchet», poursuit-il. Achats en vrac et consommation d’eau du robinet filtrée s’installent dans son quotidien. Arrive le Covid. Il profite de l’isolement du premier confinement pour s’informer sur l’écologie et les mouvements pouvant conduire au changement.
«Société soutenable et désirable»
«Au bout d’un moment, je me suis dit que ce n’était pas suffisant. J’avais besoin d’avoir un travail qui soit plus dans une démarche durable», raconte-t-il. Alors il démarre un cursus en deux ans à l’école Lumia (Alpes-Maritimes) pour se former sur la transition écologique. Un parcours qu’il complète avec une formation de six mois pour apprendre à piloter un tiers-lieu.
Il veut en faire vivre un à Boulogne-sur-Mer, d’où il est originaire. Avec quelques autres convaincus, le porteur de projets veut agrandir le réseau national des Low-tech Lab, une association se présentant comme engagée dans la construction «d’une société soutenable et désirable». En parallèle, François Thumerel partage ce qu’il a déjà appris lors d’ateliers, en espérant entraîner un maximum de monde avec lui. Proactif plutôt qu’éco-anxieux, il se dit que «face à la dégradation du monde à venir, il vaut mieux se préparer que subir».