Transports, rénovation industrielle, végétalisation… En 2024, Libé explore la thématique de la transition écologique lors d’une série de rendez-vous gratuits et grand public. Objectif : trouver des solutions au plus près des territoires. Première étape de notre seconde édition, Bordeaux, le 9 février au TnBA et les 10 et 11 février au campus Victoire (entrée libre sur inscription). Un événement réalisé en partenariat avec la ville de Bordeaux et le département de la Gironde avec le soutien de l’université de Bordeaux, le Crédit coopératif, l’Agence de la transition écologique (Ademe), la Fondation Jean-Jaurès, le Pacte du pouvoir de vivre, le magazine Pioche ! et Vert, le média.
Sur le sujet du logement, l’on se confronte très vite à une vision archaïque prolongeant l’ancien monde fait de cités-dortoirs ou de zones pavillonnaires, plutôt qu’en imaginant le nouveau. Notre schizophrénie nous amène à un double constat effarant. Les grosses agglomérations veulent se végétaliser, là où les plus petites souhaitent se bétonner à tout prix !
Pour réguler cela, au sein de la Convention citoyenne pour le climat (CCC), nous avons porté une vision révolutionnaire menant au «zéro artificialisation nette» (ZAN), qui doit nous conduire vers une préservation totale des espaces naturels et repenser notre politique d’étalement urbain. Le concept a l’air compliqué, mais l’idée est simple : organiser l’équité entre les petites et les grandes villes pour imaginer des vrais projets de territoire, permettant de répondre aux besoins en logement tout en préservant la biodiversité. Gagnant, gagnant.
Mais le vieux monde patine dans son déni climatique et s’empêtre dans son entêtement bétonnier. Quand on sait que la France, c’est près de 10 000 friches et plus de trois millions de logements vacants, quel constat doit-on en tirer ? Les dizaines d’années de crises sociales l’illustrent bien : ce ne sont pas les hectares consommés qui régleront les problématiques de mixité sociale ou d’inclusion dans nos quartiers.
Le sujet social est plus profond et nécessite d’aborder les solutions qui améliorent concrètement la qualité de vie dans nos logements. Plutôt que de financer la «bitumisation», fléchons les investissements publics dans la rénovation thermique des bâtiments ou la réhabilitation des friches. C’est ce qu’a fait la ville de Caen ces dernières années, notamment avec sa presqu’île, en réussissant le pari d’augmenter sa population tout en rendant des espaces à la nature, là ou une ville comme Bordeaux a malheureusement triplé son artificialisation.
Nous ne retrouvons malheureusement que de vieilles rustines
Là où l’on pouvait attendre des pouvoirs publics et du récent Conseil national de la refondation (CNR) une véritable révolution dans la conception de la ville de demain, nous ne retrouvons malheureusement que de vieilles rustines faites de «coups de pouce» et d’objectifs de logements sociaux mal financés.
Refuser l’objectif ZAN aujourd’hui, c’est refuser l’inévitable. C’est lutter contre l’émergence de projets de territoire pour et par le citoyen et favoriser la destruction de notre ruralité. Mon choix est clair : la ville de demain devra se faire sur les pavés de nos villes actuelles, et non dans nos forêts ou dans nos champs.
En tant que membre de la Convention citoyenne pour le climat, je tiens à souligner l’importance de faire entendre la voix des citoyens dans ces décisions cruciales. Une approche participative et locale est le seul levier qui nous permettra de transformer nos villes et nos villages, en ne laissant personne sur le bord du chemin.
Changeons les règles du jeu, car nous devons refuser de choisir entre se loger décemment et sauver la planète. La loi ZAN n’est pas une contrainte, mais une opportunité. Elle nous offre la chance de repenser notre modèle de développement pour le rendre plus respectueux de l’environnement et de la vie des gens.