A l’heure de la transition écologique, en partenariat avec la Plateforme d’observation des projets et stratégies urbaines (Popsu), plongée dans les projets et initiatives qui font bouger les politiques urbaines.
«La réindustrialisation est cruciale, mais comment et dans quelles conditions pour les territoires, l’environnement, la sobriété foncière, l’humain…» Telle était la problématique de la première table du colloque «A l’échelle des transitions», à l’Assemblée nationale le 23 mai. Très vite, Olivier Bouba-Olga, économiste et chef du service études et prospective de la région Nouvelle-Aquitaine, a rappelé les enjeux de cette «réindustrialisation» : «Amener le bien-être dans le respect des exigences planétaires. Il y a de bonnes raisons pour réindustrialiser mais l’enjeu est de trouver le bon compromis.»
Une question de compromis
Ces «bonnes raisons», c’est notamment Thomas Huriez, fondateur et président de 1083, entreprise qui fabrique et vend des jeans réalisés en France, dans la Drôme, qui les rappelle : «C’est une question de bon sens, pour retrouver notre liberté. Relocaliser c’est reprendre conscience des choses, de ce que nous achetons, consommons.» C’est aussi, comme l’a souligné Hélène Reignier, responsable du programme scientifique de Popsu Territoires, une source d’emplois très importante car le terme «industrie» recouvre en réalité des activités beaucoup plus larges (de service ou de logistique par exemple), soit près de 7 millions de personnes en France. Une source d’emplois donc plus que nécessaire avec, selon les spécialistes, plus de 1 000 sites existants prêts à accueillir ces «nouvelles industries».
Mais, comme le souligne Olivier Bouba-Olga, les conflits d’usages s’invitent dans le débat, comme celui de «la sobriété foncière». Tout est une question de compromis entre la création d’emploi et le respect des ressources. «Comment chacun peut-il contribuer en fonction de son territoire ?» : telle est la question. Une des pistes avancée par Hélène Reignier serait la «densification de l’existant, en intégrant dès le départ les activités productives dans la fabrique d’une ville». Autre enjeu : la coordination. «Comment travailler ensemble, comment planifier ?» Et Stéphane Mazars, député Renaissance de l’Aveyron, de citer l’exemple de ce qu’il appelle «la ruralité heureuse» dans un territoire qui mixte production agricole et activité industrielle. «On doit aller chercher les projets industriels, de petites industries notamment, qui peuvent attirer de nouvelles populations dans nos territoires.»
Revalorisation des métiers manuels
La question du recrutement est en effet délicate. La réindustrialisation implique la revalorisation des métiers manuels, mais aussi la présence de services indispensables pour attirer les futurs salariés, comme la santé, l’éducation… «C’est très complexe, souligne Stéphane Mazars. Réindustrialiser nécessite une bonne coopération des différents acteurs publics pour créer les bonnes conditions d’accueil dans les territoires.»
Même si l’affaire est complexe, elle n’est pas impossible. L’exemple de 1083 de Thomas Huriez, installé à Romans-sur-Isère le prouve. «C’était un vrai pari de fabriquer des jeans en France ! Cela nécessite une véritable ambition collective. N’attendons pas d’être à 0 % de production pour relancer notre industrie. Il suffit d’y croire.»