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Immobilier: décryptage

Rénovation énergétique : MaPrimeRénov, éco-prêt à taux zéro… A l’aide !

Crise du logementdossier
Tour d’horizon des dispositifs plus ou moins efficaces, pour certains cumulables, afin de rendre son habitation plus écologique et attractive.
En 2023, le nombre de rénovations globales aidées par MaPrimeRénov’ s’est élevé à 71 600, loin de l’objectif de 90 000. (Henrike Stahl/Libération)
publié le 14 septembre 2024 à 5h14

Du courage et un peu de chance : deux ingrédients indispensables à la préparation de travaux de rénovation énergétique pour les propriétaires de maisons ou d’appartements désireux de rendre leur logement plus confortable, faire des économies sur leurs factures d’énergie, rendre leur habitation plus écologique ou encore plus attractive à la location. C’est une ambition nécessaire car le logement représente près d’un cinquième des émissions de gaz à effet de serre du pays. Mais le parcours sera sans nul doute semé d’embûches car les aides à la rénovation énergétique constituent un mille-feuille doublé d’un labyrinthe…

De nombreux dispositifs locaux et nationaux ont été mis en place par le gouvernement pour accompagner et aider les ménages à rendre leur logement plus écoresponsable. Le plus connu d’entre eux est MaPrimeRénov’, dont la naissance remonte à 2020 mais qui a déjà connu des changements et des évolutions dont il est facile de perdre le fil. Gérée par l’Agence nationale de l’habitat (Anah), MaPrimeRénov’ permet, pour les rénovations d’ampleur, de se faire rembourser jusqu’à 70 000 euros de travaux. Cette aide est soumise aux revenus du ménage concerné, doit être demandée avant les travaux, avec présentation d’un devis établi par un professionnel «reconnu garant de l’environnement» – parfois difficiles à trouver dans certaines régions – et être validée par l’Anah. Il faut faire les choses dans l’ordre pour être sûr d’obtenir le remboursement d’une partie de ses frais.

De nombreux «dysfonctionnements»

Etre le plus consciencieux du monde n’est cependant pas la promesse d’une rénovation énergétique sans couac. En avril 2023, la Défenseuse des droits, Claire Hédon, a exprimé ses critiques concernant les nombreux «dysfonctionnements» de MaPrimeRénov’. Devant la commission d’enquête sénatoriale sur la rénovation énergétique, elle a déclaré avoir reçu plus de 1 400 réclamations sur les difficultés des bénéficiaires à recevoir leur remboursement. En réponse, l’Anah a affirmé avoir «mis en œuvre des mesures très concrètes» pour «améliorer la qualité du service rendu aux usagers». Mais la valse des évolutions des aides et le parcours du combattant administratif peuvent décourager. En juillet, par exemple, un «guide pas à pas» pour constituer son dossier MaPrimeRénov’ a été publié par l’Anah : il fait… 96 pages. «Tout est fait pour décourager les demandeurs», estime Chantal, propriétaire d’une maison à retaper dans le Lot-et-Garonne, achetée en 2023. Pour le remplacement de 13 fenêtres et une facture de 18 400 euros environ, elle a obtenu… 1 000 euros de remboursement dans le cadre de MaPrimeRénov’. Refroidie par les démarches complexes qu’il lui a déjà fallu entreprendre pour en bénéficier, elle ne sait pas encore si elle fera de nouveau appel à ce dispositif.

MaPrimeRénov’ pourrait être un facteur de motivation pour les ménages les plus modestes mais elle n’a pas eu le succès attendu par le gouvernement lors de son lancement. L’Etat espérait qu’elle motive à entreprendre des «travaux d’ampleur» plutôt que des travaux isolés, appelés «monogestes» (changement de chaudière ou de fenêtres, isolation du seul toit, etc.), qui ne permettent pas d’améliorer l’efficacité énergétique de son logement. En 2023, le nombre de rénovations globales aidées par MaPrimeRénov’ s’est élevé à 71 600, en hausse par rapport à 2022 (67 000), mais loin de l’objectif de 90 000. Pour remédier à cela, des assouplissements dans les attributions de l’aide – pour les particuliers, plus besoin d’effectuer un DPE afin d’y prétendre ou la possibilité de réaliser des monogestes d’isolation sans devoir changer de mode de chauffage impérativement, par exemple – sont entrés en vigueur en mai.

Aides parfois cumulables

D’autres dispositifs d’aide sont à la disposition des propriétaires souhaitant rénover leur habitation. L’éco-prêt à taux zéro est accessible sans condition de revenus pour financer des travaux de rénovation énergétique. Le coup de pouce chauffage est, quant à lui, destiné à aider les bénéficiaires à remplacer leur chaudière à gaz, charbon ou fioul pour une option verte, telle qu’une pompe à chaleur. Les propriétaires peuvent également bénéficier d’une exonération de leur taxe foncière lorsqu’ils se lancent dans certains travaux de rénovation énergétique – variable selon leur ampleur. Il leur faut néanmoins s’assurer que leur commune adhère à cette initiative.

Les aides sont parfois cumulables, pour optimiser (et motiver) les travaux de rénovation énergétique. C’est le cas des certificats d’économie d’énergie (CEE) : les fournisseurs d’énergie peuvent proposer des aides aux particuliers sous la forme de primes, de bons d’achat ou de réductions sur leurs factures à la suite de travaux de rénovation. Les CEE sont néanmoins complexes à comprendre et à obtenir : l’Anah a dû, en janvier, mettre en place un parcours «accompagné» pour aider les ménages à récupérer leur dû.

Bref, pour peu que les ménages ne soient pas découragés, toutes les étapes de la rénovation énergétique semblent être accompagnées de leur soupçon de complexité qui rend le processus fatigant pour ceux qui se lancent, sans avoir de certitude de rester dans le budget qu’ils s’étaient accordé en début de parcours.