A l’heure de la transition écologique, en partenariat avec la Plateforme d’observation des projets et stratégies urbaines (Popsu), plongée dans les projets et initiatives qui font bouger les politiques urbaines.
Les zones dites «productives», à vocation artisanale ou industrielle, sont très présentes dans les territoires périurbains. Plusieurs de ces zones sont aujourd’hui à réhabiliter, voire à densifier ou renaturer ; les premières étant apparues au début des années 1970, elles semblent aujourd’hui obsolètes avec leur schéma «une parcelle-une entreprise» et leur faible densité.
D’après le Cerema (Centre d’études et d’expertise sur les risques, la mobilité et l’aménagement), il y aurait en France entre 24 000 et 32 000 zones d’activités économiques. Le terme zone d’activité économique n’a pas de définition juridique mais qualifie généralement les périmètres aménagés pour accueillir des entreprises selon différentes spécialités : commerciale, industrielle, artisanale, tertiaire… Plus médiatiquement, ces zones ont pu illustrer la polémique récurrente autour de «la France Moche». Des intérêts politiques convergent aujourd’hui pour revoir les zones d’activités. Plusieurs lois récentes incitent tour à tour à encourager une vision collective et stratégique de leur gestion (loi Notre, 2 015) ; à les considérer comme des réserves foncières (loi Climat et Résilience, 2 021) ; à reconnaître les besoins d’implantations industrielles et de requalification des sites existants (loi Industrie Verte, 2 023) ; à réinventer le modèle de la zone économique spécialisée, comme avec les initiatives prises récemment pour la requalification des zones commerciales en entrée de ville (AMI, 2 023).
Au-delà de les réaménager, il s’agit de s’interroger sur ce que portent, et pourraient porter à l’avenir ces zones d’activités.
Malgré leur spécialisation, les zones productives périurbaines accueillent fréquemment d’autres fonctions : des commerces et services à destination des entreprises, mais aussi des services publics telles que des guichets de Poste ou des France Services, des cabinets médicaux, des logements, des campus de formation, et parfois même des réserves de biodiversité.
Complémentaires aux activités productives, ces fonctions améliorent le quotidien des salariés et constituent des pôles de proximité pour les entreprises et les habitants alentour. Cette diversification des activités présentes dans les zones productives pose cependant question. La cohabitation avec les activités productives périphériques suscite des controverses : nuisances problématiques des activités productives ; cannibalisation foncière, à l’heure de la zéro artificialisation nette et des concurrences d’implantations entre activités ; concurrence aux centres anciens des bourgs et des villages.
Depuis longtemps, les urbanistes débattent de l’urbanité des zones commerciales périurbaines. Un débat similaire émerge pour les zones productives (1). A quelles conditions peuvent-elles être des lieux de rencontres et d’échanges au-delà de la sphère productive ? Dans quelles perspectives ? Ces zones peuvent-elles s’apparenter à des centralités ? En aménagement, la centralité caractérise un lieu portant une identité forte et des interactions avec l’extérieur.
(1) Ma thèse en cours étudie ces questions à partir de trois zones productives de l’Est lyonnais, avec des observations terrains et des entretiens réalisés auprès d’entreprises, de riverains, d’élus et de techniciens.