Face à la crise climatique, de nombreux discours et programmes politiques prônent la plantation d’arbres. C’est justifié, car cela permet notamment de diminuer les îlots de chaleur en ville et de capter du carbone, mais la biodiversité est bien plus qu’une question d’espèces, elle relève de l’ensemble des écosystèmes. Il n’existe pas de solution unique, mais une multitude de pistes d’adaptation, rarement spectaculaires, et dont on parle trop peu. Parmi elles, la préservation de prairies diversifiées. Ces étendues herbeuses résistent mieux à la sécheresse et à la chaleur quand elles comptent de nombreuses espèces et une diversité génétique importante. Cela se traduit entre autres par une production de fourrage plus stable face aux aléas climatiques (donc une captation de carbone également plus importante) et par une présence accrue de pollinisateurs. Au contraire, quand elles sont appauvries par une fertilisation chimique et une irrigation abondante, par une fauche et un pâturage intensifs, les prairies dépérissent avec les dégradations climatiques. Cesser ces pratiques intensives est donc nécessaire à la résilience de cet écosystème.
Protéger les zones humides est un autre enjeu fort d’adaptation. Mis à mal par notre gestion des sols, ces puits de carbone ont un rôle essentiel pour réguler l’hydrologie des paysages : ce sont des éponges qui rendent l’eau quand il fait sec, et qui l’absorbent quand il y a des crues. Pour leur permettre d’assurer ces fonctions, cruciales dans le contexte du changement climatique, nous devons préserver celles qui existent, mais aussi restaurer les étangs, les marais et les tourbières qui ont été dégradés.
Ces pistes rappellent que résilience écologique et résilience humaine sont étroitement liées. Nous ne résoudrons pas la crise climatique sans l’adhésion de ceux qui vivent et qui travaillent dans les territoires, agriculteurs, habitants, forestiers, acteurs touristiques, etc. L’adaptation est une démarche active, qui nécessite de se projeter dans l’avenir, et qui exige des délibérations collectives. Ainsi, parce que les oiseaux, les pollinisateurs et autres animaux des milieux ruraux et forestiers ont besoin de se déplacer sur un territoire d’autant plus vaste qu’il est contraint, on ne peut agir sur la biodiversité à l’échelle d’une parcelle unique. La mise en place de haies, de bocages, requiert des ententes, des échanges de matériel et de pratiques entre différents propriétaires de terrains.
Nous devons prendre conscience que nous, humains, faisons partie de la biodiversité et des écosystèmes. Cela appelle une évolution de la reconnaissance de la valeur de la biodiversité par la société, et des actions concrètes. Trouver des sources de résilience n’exempte pas d’agir sur les causes de la dégradation de la biodiversité et du climat, car aujourd’hui, cette dégradation reste bien plus importante que nos capacités de réparation et d’adaptation.