Comment réconcilier métropoles et campagnes, périphéries et centres-villes, écologie et habitat ? Plongée, en partenariat avec la Plateforme d’observation des projets et stratégies urbaines (Popsu) dans les initiatives qui améliorent les politiques urbaines.
Tandis que les métropoles monopolisent l’attention, une crise silencieuse ronge nos territoires : celle de la vacance de logements dans les centres anciens, particulièrement en milieu rural.
Depuis 1990, le nombre de logements vacants a bondi de 60%, atteignant aujourd’hui 3,7 millions. Un chiffre vertigineux. Plus inquiétante encore est la vacance structurelle, celle des logements inoccupés depuis plus de deux ans, qui touche 1,2 million de logements, dont plus du tiers se trouve en milieu rural.
Dans les centres anciens, le taux de vacance atteint en moyenne 16%, soit le double de la moyenne nationale, et grimpe localement jusqu’à 20%, voire 30%. Ces chiffres risquent d’exploser avec l’interdiction progressive de la mise en location des passoires thermiques s’ils ne font pas l’objet de travaux adaptés.
Cette situation résulte d’un enchevêtrement de causes : manque d’entretien, coût des travaux, vieillissement de la population, perte d’attractivité, complexité des procédures, précarité des propriétaires, déficit d’ingénierie… et surtout, un manque criant de moyens fléchés vers ces centralités.
Les récents dispositifs – Petites villes de demain, Villages d’avenir, plan France ruralités – marquent un réveil salutaire. Mais les moyens restent insuffisants. Les aides restent sous-utilisées, mal calibrées pour les réalités de l’ensemble des centres anciens en milieu rural, comme la prime «sortie de vacance».
Plutôt que de construire et d’artificialiser à outrance…
Face à une crise aiguë du logement, où plus de 350 000 personnes vivent sans abri et où 4,1 millions d’autres subissent le mal-logement, continuer à laisser des logements inoccupés est un non-sens. Alors que la sobriété foncière devient une obligation, que notre patrimoine s’effrite, voire s’effondre, il est urgent de changer de paradigme.
Plutôt que de construire et d’artificialiser à outrance, il est nécessaire de réinvestir l’existant. Redonner vie aux logements vacants, c’est répondre à une urgence sociale, revitaliser les territoires, préserver notre patrimoine et offrir un cadre de vie de qualité.
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Les centres anciens peuvent – et doivent – redevenir des lieux de vie, de mixité, de dynamisme !
C’est le combat que mène Sites et Cités remarquables de France aux côtés de ses collectivités, partenaires et experts. Lors de son congrès à Angers en 2024, l’association a lancé une motion pour un plan logements dans les sites patrimoniaux remarquables, signée par plus de 200 élus. Objectif : remettre sur le marché 200 000 logements vacants en dix ans, soit 2 000 par département. Ce chiffre est atteignable. Et il permettrait d’éviter une artificialisation équivalente à la surface de Paris.
Ce n’est pas une utopie, c’est une nécessité.
Sans action résolue, les centres anciens continueront de se dégrader dans l’indifférence, et particulièrement en milieu rural. Les causes sont connues. Les outils existent. Ce qu’il faut désormais, c’est une stratégie structurée, dotée de moyens à la hauteur, portée par l’Etat, les collectivités, les investisseurs, les professionnels du logement et les acteurs engagés. Une stratégie qui place la reconquête des centres anciens au cœur de la politique du logement.