Chirurgien pratiquant une opération dans le Métavers, gestionnaire de données de santé spécialisé dans la cybersécurité, concepteur de système embarqué pour favoriser l’hospitalisation à domicile… L’innovation technologique transforme les métiers de la santé et fait émerger de nouvelles professions. Le 2 décembre prochain, la ville de Saint-Ouen (Seine-Saint-Denis) s’empare du sujet en accueillant un forum des métiers de la santé et des carrières scientifiques pour les collégiens, les lycéens et leurs familles. Marie-Agnès Sari, vice-présidente formation à Université-Paris-Cité (plus grande faculté de santé d’Europe), sera présente à ce rendez-vous qui préfigure l’ouverture en 2028 d’un campus hospitalo-universitaire à Saint-Ouen. «C’est important de rencontrer les jeunes dès le collège, insiste celle qui est également professeur en biochimie. Nous voulons évoquer les métiers méconnus et les nouveau-nés de l’innovation technologique. A Saint-Ouen, il s’agit aussi de favoriser la démocratisation de l’accès aux carrières dans la santé ou le domaine scientifique.»

Les nouveaux métiers ? Ils sont nés de la transformation numérique, de la modélisation 3D et bien sûr de l’intelligence artificielle (IA). Beaucoup se situent dans le champ de l’instrumentation médicale. «On développe des dispositifs pour éviter les hospitalisations systématiques et favoriser la prise en charge à domicile. Des profils en informatique ou en robotique, de niveau bac+3, sont très recherchés pour mettre au point des systèmes embarqués. Par exemple, pour régler des pompes à morphine à distance», explique Marie-Agnès Sari.

La numérisation des données de santé exige aussi de former des spécialistes pour gérer des plateformes riches d’informations confidentielles et stratégiques. Comment conserver ces données ? Comment lutter contre les cyberattaques qui viseraient les systèmes informatiques des hôpitaux ? Comment faire de la prévention et de la médecine prospective à partir de ces «big data» ?

Pour répondre à ces questions, il faut des experts en informatique et en science des données. L’intelligence artificielle ouvre un champ des possibles extraordinaire, notamment dans la médecine prédictive, l’individualisation des traitements ou la chirurgie assistée par ordinateur. «Dans une dizaine d’années, seront apparus de nouveaux métiers dont on ignore les contours aujourd’hui. Ce qui est sûr, c’est qu’une solide formation en mathématique et en informatique y préparera», souligne la spécialiste d’Université-Paris-Cité. C’est aussi dans des laboratoires communs où collaborent chercheurs scientifiques et médecins que se fabrique l’innovation en santé numérique. L’interdisciplinarité est essentielle. Des masters communs aux études de médecine et de science affûtent des profils pointus. Et Marie-Agnès Sari de souligner une des opportunités de la santé numérique : «Les systèmes intelligents vont renforcer l’efficacité de la prévention et libérer du temps. Même s’ils favorisent l’individualisation des soins, chronophage, ils devraient soulager les professions en tension comme celle des infirmières.»