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Libération
Le temps des villes et des territoires : tribune

Sarah El Haïry, secrétaire d’Etat: «Pour protéger la biodiversité, l’heure n’est plus au questionnement mais à l’action»

La secrétaire d’Etat chargée de la Biodiversité appelle à stopper l’effondrement du vivant, qu’elle voit comme le défi du siècle, et lance un appel à tous les acteurs pour faire converger les énergies.

Regina au sein du jardin partagé des Trois Cabanes du centre social Marceau-Mulsant, à Roanne (Loire), en juin 2022. (Veronique Popinet/Grande Commande BNF - Hans Lucas)
Par
Sarah El Haïry
secrétaire d’Etat chargée de la Biodiversité
Publié le 23/11/2023 à 6h12

Certains me disent que la biodiversité est une notion complexe. Elle nous accompagne pourtant au quotidien. C’est la nature qui nous ­entoure, et dont nous faisons partie. Elle nous permet de respirer, boire, manger, soigner. En France, nous bénéficions d’un patrimoine naturel d’une ­richesse exceptionnelle tant dans l’Hexagone que dans les ­outre-mer, mais si fragile et de plus en plus menacé. Au niveau mondial, ce sont plus d’un million des espèces qui sont menacées du seul fait des activités ­humaines.

Pour éviter le pire, l’heure n’est plus aux questionnements mais à l’action. Nous avons une responsabilité historique : alors que les ­experts parlent de la sixième extinction de masse – la première depuis la disparition des dinosaures – personne ne pourra dire «nous ne savions pas». Le patrimoine ­vivant, c’est notre trésor collectif, nous devons le protéger.

Multitude de projets locaux

La planification écologique nécessaire appelle à des changements en profondeur et sur tous les fronts de la transition écologique. Pour tout le monde. Avec la Stratégie nationale pour la biodiversité que nous présenterons très prochainement avec Christophe Béchu, ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, nous mobilisons des moyens inédits. L’objectif est sans ambiguïté : stopper et inverser l’effondrement du vivant dans la décennie. C’est le défi du siècle.

Cette stratégie va s’incarner dans une multitude de projets locaux. Les maires qui se retrouvent cette semaine pour leur Congrès annuel le savent bien : la nature est source de bien-être pour les citoyens. Depuis un an, le Fonds vert d’accélération de la transition écologique dans les territoires les accompagne pour restaurer des friches ou renaturer les bourgs par exemple, mais il s’agit parfois de bousculer des habitudes et de changer de paradigme pour réussir à limiter l’artificialisation ou à ramener de la nature en ville.

Tous les gestes comptent

Pour relever le défi du siècle, la mobilisation de tous est nécessaire. Comment rendre désirable la nécessaire transformation de nos habitudes du quotidien ? Comment inventer ensemble nos nouveaux modes de vie et notre rapport au vivant, dans la diversité de nos territoires et de chaque trajectoire individuelle ? Comment faire émerger et consolider de nouveaux espaces de dialogue et de débat démocratique ?

Faire appel à tous les acteurs, ­recréer du lien, croiser les savoirs et mobiliser la puissance des imaginaires pour faire converger les énergies vers un objectif commun : tous les gestes comptent. La mobilisation de la recherche scientifique pluridisciplinaire au plus près des élus, avec les ­acteurs de la vie locale, sera un appui décisif pour les politiques publiques. En impliquant notre jeunesse et en faisant appel à des vecteurs artistiques pour repenser le vivant, l’impact sera encore plus grand. Ce sont les objectifs du programme Erable présenté en novembre, pour faire germer dans les territoires la mise en ­récit de notre rapport au vivant, et inventer ensemble nos ­solutions pour préserver la biodiversité.