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Initiative

Sécurité : des pistes pour «rénover la confiance» localement

Comment renouveler notre pacte social ?dossier
Créer les conditions du dialogue entre tous les acteurs du territoire est essentiel pour désamorcer les conflits.
(Sole Otero/Liberation)
par Valérie Sarre
publié le 16 avril 2025 à 6h22
(mis à jour le 16 avril 2025 à 8h10)

Face à la défiance des citoyens vis-à-vis de l’Etat, des institutions ou de la politique, quel rôle peuvent jouer les collectivités locales ? Tel était l’objet d’un colloque organisé à Rouen par le Centre national de la fonction publique territoriale. Un événement dont Libération est partenaire.

«Sans sécurité, pas d’environnement stable et inclusif car pour faire cohésion sociale, il faut évoluer dans un secteur apaisé.» Pour Noémie Angel, directrice générale adjointe du Centre national de la fonction publique territoriale, qui animait un des ateliers du colloque sur le thème «Sécurité et cohésion sociale», les deux notions sont loin d’être incompatibles, alors même que la question «bénéficie d’une sensibilité exacerbée», souligne Virginie Malochet, sociologue à l’Institut Paris Région. Les émeutes urbaines de l’été 2023 ont évidemment été évoquées, l’occasion de souligner cet état de «révolte» vis-à-vis du pouvoir et de l’autorité, et une défiance, voire un véritable rejet, de la police de la part de certains. «On s’enlise dans un cercle vicieux de défiance», analyse la sociologue.

Autre constat : «Une certaine discordance entre les attentes réelles de la population dans la vie de tous les jours, et les objectifs des forces de l’ordre», analyse Pascal Lalle, coauteur d’un rapport sur les façons d’«améliorer la confiance entre les forces de sécurité intérieure et la population» commandé par le ministère de l’Intérieur. «Beaucoup de dispositifs ont omis d’inclure la population dans la gestion de la sécurité, constate-t-il. Alors qu’il est indispensable d’établir un vrai lien entre la population, les autorités, et les forces de l’ordre.»

Médiation

Mais alors, comment rétablir la confiance ? C’est là que les collectivités territoriales doivent d’agir. Tout d’abord en s’ouvrant à de nouvelles approches, «plus transversales, puisque la sécurité est aussi liée à la manière dont on conçoit et aménage nos rues, nos espaces publics, notre urbanisme, nos parcs», souligne Noémie Angel. Cela passe aussi par ces «groupes de partenariats opérationnels», qui réunissent au sein d’un quartier dit «sensible» un responsable de la police ou de la gendarmerie, des élus, des bailleurs sociaux, des représentants des collèges ou lycées et des associations de commerçants ou d’habitants. Il s’agit d’intégrer la population, mais aussi «savoir lui rendre des comptes ce qui n’est pas toujours naturel de la part des autorités», selon Pascal Lalle.

Autre piste : la coordination des acteurs publics présents sur le territoire – préfets, sous-préfets, responsables de police ou de gendarmerie, élus – afin de mener des actions cohérentes entre elles. Là encore, ça n’est pas toujours le cas. Une démarche d’autant plus nécessaire que la «rénovation de la confiance» s’inscrit dans un temps long. Des initiatives intéressantes menées par des collectivités territoriales ont toutefois été évoquées, comme à Rouen où, grâce à des «marches exploratoires» notamment menées par des femmes, les points positifs et négatifs de certains trajets sont identifiés pour être ensuite améliorés. A Strasbourg, un dispositif de médiation dit de «tranquillité publique» – intégrant des agents formés au dialogue – a pour mission de prévenir les incivilités. Autant d’initiatives visant à ce que toutes et tous s’approprient le sujet inflammable de la sécurité, qui tend à alimenter le vote d’extrême droite.