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Climat Libé Tour: Dunkerque: tribune

Sobriété, assez de mesure, changeons de tempo !

Climat Libé Tourdossier
Par Béatrice Delpech, directrice générale adjointe d’Enercoop.
Lors du Climat Libé Tour de Dunkerque, le 13 octobre. (Denis Allard/Libération)
par Béatrice Delpech, directrice générale adjointe d’Enercoop
publié le 18 octobre 2023 à 13h10
Energie, transports, rénovation durable, végétalisation… En 2023, Libé explore la thématique de la transition écologique lors d’une série de rendez-vous inédits. Objectif : témoigner des enjeux et trouver des solutions au plus près des territoires. Quatrième étape à Dunkerque, les 13, 14 et 15 octobre.

Après avoir moqué le modèle amish, face à la flambée des prix de l’électricité et aux manifestations de plus en plus tangibles du dérèglement climatique, le Président de la République s’empare du bout des doigts et visiblement à regret, de l’idée de sobriété. Son appel à une «sobriété mesurée» est encore loin du compte. Il relève de l’ancien monde, où chacun reste dans sa «bagnole», dans une course perpétuelle à la croissance, en espérant avec la foi du charbonnier que les progrès scientifiques à venir nous permettent de maintenir notre train de vie.

L’utilité sociale et environnementale de chaque dépense d’énergie

Pourtant RTE, le gestionnaire du réseau de transport d’électricité, alerte déjà sur le fait que sans sobriété structurelle on manquera d’électricité à horizon dix ans. Il ne s’agit plus de mesurer nos efforts mais d’interroger l’utilité sociale et environnementale de chaque dépense d’énergie : couvre-t-elle un besoin de base, apporte-t-elle un mieux-vivre raisonnable ou est-elle superflue ?

Les pouvoirs publics ont sommé les fournisseurs d’électricité de mettre en place des outils permettant de réduire les consommations de leurs clients. Certains n’ont pas attendu la consigne et proposent des suivis de consommation permettant d’analyser ses usages et de traquer les sources d’économie, voire de déporter des consommations quand le réseau national est en tension.

D’autres acteurs de la société civile se mobilisent pour accompagner la transition. Ces actions sont nécessaires, mais doivent urgemment être accompagnées d’une réelle politique publique de sobriété, collective et efficace, porteuse d’un nouveau récit, au-delà des symboles et des petits gestes. Il nous faut de l’exemplarité, par exemple en faisant respecter les mesures déjà inscrites dans la loi comme l’interdiction des terrasses chauffées ou l’extinction des enseignes lumineuses après une heure du matin.

De l’équité et de la justice sociale

Il nous faut aussi de l’ambition, notamment en termes d’efficacité énergétique, de lutte contre la précarité énergétique et de chasse aux consommations superflues, type écrans publicitaires. Enfin, il nous faut de l’équité et de la justice sociale, afin que les plus pauvres, qui sont aussi les moins émetteurs de gaz à effet de serre, ne supportent pas seuls les efforts qui devraient prioritairement être endossés par les plus riches, notoirement plus émetteurs.

On ne dessinera pas un futur désirable dans une planète aux ressources finies sans changer radicalement les comportements de consommation des personnes qui la peuplent.