Ils sont partout ! Sur nous, en nous, font la une des journaux et inondent la toile. Qui ? Les microbiotes. Intuition visionnaire il y a trente ans, la prise en compte de l’impact de ces communautés microbiennes sur notre santé est aujourd’hui acquise, ouvrant la voie à de nouvelles approches, notamment dans le cadre du soin. Mais peut-on envisager de soigner avec les microbiotes ?

Si on se réfère au Centre national de ressources textuelles et lexicales, soigner peut se définir par «rétablir la santé d’une personne». Dans une société où la médecine est essentiellement centrée sur la maladie, cette approche est souvent synonyme de guérison mais, la santé ne consiste pas seulement, comme le souligne l’Organisation mondiale de la santé, en une absence de maladie ou d’infirmité, il s’agit d’un état de complet bien-être physique, mental et social.

Par conséquent, bien avant la maladie, préserver un état physiologique optimal propice au bien-être devient essentiel et cela passe notamment par la détection et la prise en charge de signaux faibles de dysfonctionnement. C’est ce que nous appelons les états intermédiaires de santé. Ces dysfonctionnements peuvent prendre différentes formes, qu’il s’agisse, par exemple, de troubles digestifs ou de manifestations de stress. Certains, s’ils ne sont pas pris en compte, peuvent dégénérer en maladie. Beaucoup témoignent d’un déséquilibre des microbiotes et plus particulièrement d’une dysbiose du microbiote intestinal (MI).

Ce microbiote est le plus riche de tous les microbiotes et remplit de nombreuses fonctions. Au niveau local, il participe directement à la digestion et à la régulation de certaines voies métaboliques ou de la motricité intestinale et donc du transit. Il joue également un rôle majeur dans le fonctionnement du système immunitaire et ce, dès la naissance, où il va contribuer à l’éduquer. A distance, il va entretenir des relations étroites avec d’autres organes que sont les poumons, la peau, la sphère urogénitale ou encore le cerveau. Mais ce MI subit de nombreuses influences environnementales, médicamenteuses, alimentaires ou hormonales qui peuvent le perturber de manière passagère ou prolongée. Préserver son équilibre et favoriser une bonne dynamique symbiotique (1) apparaît donc fondamental dans la promotion ou la restauration de la santé des individus.

Dans une optique de restauration du bien-être physique et mental, on peut d’ores et déjà considérer que les microbiotes ou plutôt que la préservation d’une relation équilibrée avec l’individu qui les abrite, peuvent soigner. C’est pourquoi il est essentiel d’en prendre soin, dès la naissance, au quotidien – et plus particulièrement quand leur relation à l’hôte est perturbée par la modification des conditions environnementales, une situation pathologique ou encore la prise de certains médicaments –, grâce à une alimentation riche et diversifiée et à l’apport de pré et /ou probiotiques. Pour ce qui est de guérir des maladies, et même si elles portent de nombreux espoirs, les applications pratiques, notamment via la transplantation de microbiote fécal, restent à ce jour très limitées.