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Solutions solidaires: focus

«Imaginer de nouveaux modèles»

Alliance d’organisations unies au niveau national et local, le Pacte du pouvoir de vivre prône une nouvelle approche écologique, sociale et démocratique.
(Aseyn/Libération)
par Eva Fonteneau, correspondante à Bordeaux
publié le 2 février 2024 à 9h28
(mis à jour le 8 février 2024 à 11h53)

Solutions solidaires

Avec tous les territoires engagés pour des solutions solidaires, le département de la Gironde, la ville de Bordeaux, la fondation Jean-Jaurès, Libération et plus de 60 organisations composant le Pacte du pouvoir de vivre proposent de débattre de six grandes solutions. Qu’elles soient éprouvées ou encore à expérimenter, ces solutions sont autant d’outils mis à la portée de toutes et tous pour tenter de fabriquer ensemble une écologie solidaire. Pour en discuter, rendez-vous le 9 février prochain dans les locaux du département de la Gironde.

«Les alarmes retentissent», alerte le Pacte du pouvoir de vivre (PPV) le jour de sa création, le 5 mars 2019. Au lendemain de la crise des gilets jaunes, la toute nouvelle alliance, composée de dix-neuf organisations – associations, fondations, ONG, syndicats – appelle à sortir urgemment «d’un modèle de société qui met en péril la vie sur la planète et entraîne de trop nombreuses injustices et inégalités». Cinq ans plus tard, cet ovni dans le paysage de la société civile a été rejoint par quarante autres membres, parmi lesquels la fondation Abbé Pierre, la Cimade, la Fondation pour la nature et l’homme, ATD quart-monde, le Réseau action climat… «Avec les gilets jaunes, on a pris conscience qu’il y avait un gros travail à faire pour relier justice sociale et transition écologique. Depuis, le Pacte réfléchit collectivement à comment améliorer la vie quotidienne des gens en imaginant un nouveau modèle écologique, social et démocratique», déroule Amandine Lebreton, directrice du PPV. Pour la méthode, ses membres prônent le pouvoir des citoyens, «fondamental pour engager les transformations qui s’imposent».

Concrètement, les différentes organisations se rencontrent régulièrement dans l’année pour élaborer des propositions basées sur leurs expertises de terrain personnelles. Cette mise en commun a abouti depuis 2019 à la création de 90 propositions. Parmi elles : l’encadrement des écarts entre les plus hautes et les plus basses rémunérations, l’évaluation de toutes les nouvelles lois et politiques publiques au regard de leurs conséquences sur les 10 % les plus démunis ou encore l’interdiction des extensions des aéroports pour freiner la croissance des émissions de CO2. «Ces propositions sont ensuite portées à l’Assemblée nationale, aux ministres… C’est une manière de faire de la politique autrement : on établit un rapport de force avec les élus en leur rappelant tout ce qu’une société civile organisée peut apporter. C’est d’autant plus important, que ces dernières années, ils n’ont que trop peu écouté les corps intermédiaires», résume la directrice.

Face à eux, les politiques affichent souvent «un grand intérêt» pour ce travail qui les aide à identifier des angles morts et des points de tension, notamment en période électorale, assure le réseau PPV, financé par les contributions des membres et par deux fondations (la Fondation de France et la Fondation européenne pour le climat). «Il est certes exigeant, mais on leur présente déjà une forme de compromis dans la société civile», note Amandine Lebreton. Pour mieux territorialiser leur action, des membres ont même créé des groupements locaux partout en France. «C’est intéressant de voir qu’ils se sont constitués de manière spontanée. Ça illustre le besoin de sortir des silos, car y compris au sein de la société civile, de nombreuses organisations ne se connaissent pas entre elles», constate la directrice.

Pour vivifier son action, le Pacte a créé un espace d’engagement citoyen en avril 2023. Il permet à qui le souhaite de venir porter un projet et de bénéficier d’un appui. Plus récemment, la première école du pouvoir de vivre a été lancée le 2 décembre dernier. Elle accueille pendant six mois des jeunes de 18 à 35 ans qui cherchent «une vision transversale des enjeux sociaux, écologiques et démocratiques». Ils vont notamment travailler sur les élections européennes à partir de mars. «Il y aura des semaines de formation en visioconférence. Les organisations membres du pacte viennent raconter aux jeunes leur expertise, leur travail, leur réflexion sur la société, détaille Amandine Lebreton. Nous voulons démontrer que nous avons beaucoup à apporter dans la structuration de l’engagement, dans l’éducation populaire mais aussi dans la construction des politiques publiques.»