Fin décembre, les 500 000 habitants de la métropole de Montpellier bénéficieront de la gratuité des transports dans les bus et les trams. Une mesure à imiter dans toutes les villes de France ? Rendez-vous le 21 décembre, à l’Opéra Comédie pour un débat sur les enjeux de la mobilité. Entrée libre sur inscription.
Il était autrefois un train qui reliait le cœur de Montpellier à la plage de Palavas-les-Flots en une demi-heure. Abondamment croqué par le dessinateur Albert Dubout, celui qu’on appelait familièrement le «petit train de Palavas» transportait certains jours d’affluence un millier de voyageurs. Ils payaient leur billet 1,20 franc pour une place en première classe, 0,75 franc en seconde.
Un temps perdu considérable
Cent cinquante ans plus tard, gagner aisément la mer depuis le centre de Montpellier en transport collectif relève de l’exploit. Moins de 15 km séparent la place de la Comédie de Palavas. Pourtant, de nombreux estivants se perdent en conjectures et parfois aussi en chemin. Car après avoir gagné le sud de Montpellier en tramway, ils doivent dénicher puis attendre le bus qui les amènera jusqu’à la station balnéaire. A la clé : deux réseaux de transport distincts, deux tickets et tarifs différents, et un temps perdu considérable. Une autre possibilité pour rejoindre la plage consiste à prendre un tramway jusqu’à son terminus, situé sur la commune de Pérols, puis à marcher une demi-heure, en plein soleil, jusqu’à la plage de Carnon. De fait, beaucoup renoncent à la jouer collectif.
Analyse
Laurent Chapelon, professeur à l’université Paul-Valéry de Montpellier, spécialiste des mobilités, de l’urbanisme, des transports et de l’aménagement de l’espace, reconnaît que cette situation peut paraître aberrante. Mais il tempère : «Une fois parvenus à Pérols, au terminus du tramway, les usagers disposent d’une demi-douzaine d’options pour effectuer les 3 km qui les séparent de la plage : bus, navettes, location ou prêt de vélo… Mais cette configuration demeure pénalisante car elle nécessite de se renseigner, de s’organiser, et l’on sait que de telles ruptures dans la prise en charge entraînent d’importantes pertes de clientèle.» La gratuité des transports dans la métropole montpelliéraine va-t-elle changer la donne ? «Elle peut capter une partie des automobilistes les plus modestes car stationner en bord de mer est cher, répond Laurent Chapelon. Mais on ne s’attend pas à un “effet plage” particulier.»
«Crainte d’un afflux estival trop important»
Cette situation inconfortable découle du découpage territorial : les communes de Mauguio-Carnon, de Palavas-les-Flots et de la Grande-Motte sont regroupées au sein de l’agglomération du Pays de l’or, limitrophe à Montpellier-Méditerranée-Métropole. «Le Pays de l’or n’a pas voulu engager de réflexion sur le prolongement de la ligne de tramway jusqu’à la plage, explique Laurent Chapelon. A la préservation de ses espaces naturels, la crainte d’un afflux estival trop important et d’une possible hausse de la délinquance s’ajoutait la question de l’investissement, à savoir environ 25 millions d’euros par kilomètre.» Mais, souligne l’universitaire, ce raisonnement peut être inversé : les habitants du littoral auraient eux aussi intérêt à pouvoir se déplacer vers Montpellier en laissant leur voiture au garage, sachant que le transport représente entre 16% et 20% du budget des ménages.