Pour eux, parler de durabilité revient à penser aussi bien les évolutions et les transitions de la société que celles de la planète. Depuis deux ans, des professionnels de la culture du Dunkerquois font vivre le collectif de la Culture durable. Un réseau d’une dizaine de structures rassemblées pour rendre leurs activités plus inclusives et respectueuses de l’environnement.

«Qu’on monte une exposition, un spectacle ou un événement, nous faisons tous appel à des artistes et nous recevons tous du public. Nous réfléchissons donc tous à la manière de les accueillir, à comment communiquer, à l’après-événement», développe Angèle Chaumette, à l’initiative du collectif. Pour la chargée des projets d’action culturelle des 4Ecluses, une salle de concert à Dunkerque, aborder ces sujets entre pairs permet de trouver plus efficacement des solutions à tester face aux problématiques rencontrées.

Les premières discussions se passent entre elle et Céline Melliez, ancienne responsable du pôle public de la scène nationale dunkerquoise du Bateau-Feu, juste après la crise Covid de 2020. Puis, rapidement, le cercle d’échange s’agrandit jusqu’à toucher une centaine de personnes trois ans plus tard. Désormais, une réunion de deux heures s’organise tous les deux mois. Les membres parlent de gestion des déchets, d’accessibilité des lieux culturels, de lutte contre les violences sexistes et sexuelles en interne et en externe, ou encore d’usage de l’écriture inclusive.

Après l’une d’elles consacrée au numérique, Olivier Thomas, chargé de communication numérique à la Halle aux sucres (un tiers-lieu dédié à la ville durable), a ouvert un chantier en interne pour rendre le site internet bas carbone. «On a aussi travaillé nos supports papier de communication. Ils sont plus épurés avec moins de photographies et on utilise des polices sans empâtement pour économiser de l’encre.»

Enjeu écologique ou sociétal, la mise en action tient toujours compte du contexte local. «Nous sommes dans un territoire où il y a une grosse fracture numérique. Même si le papier n’est pas écologique, ça reste encore un système d’inclusion du public. On le voit vis-à-vis de tous les services qui se numérisent. Beaucoup sont largués. Pour ces publics, c’est important de rester fidèle à ces formats-là», donne pour exemple Matthieu Gilles, chargé des publics au cinéma associatif Studio 43.

Le collectif se veut autant que possible dans l’action. Mi-juin, le fonds régional d’art contemporain du Grand-Large, l’Ecole supérieure d’art de Dunkerque et les 4Ecluses ont organisé une «donnerie», à l’initiative de Fructôse, une association d’accompagnement d’artistes. Plutôt que d’acheter, utiliser puis jeter du matériel, chaque structure extrait de ses réserves ce qu’il peut céder à d’autres. Meubles, peinture, chute de bois, projecteurs, chaises, armoires… Pour cette première édition, des artistes, des compagnies non professionnelles, des associations du territoire ont tout récupéré en moins d’une heure. «On a une forme d’exemplarité à tenir, insiste Angèle Chaumette. On ne peut dire aux gens de couper l’eau pour se brosser les dents et de se déplacer à vélo si nous ne menons pas nous aussi un travail sur les questions environnementales et sociétales.»