A l’heure de la transition écologique, en partenariat avec la Plateforme d’observation des projets et stratégies urbaines (Popsu), plongée dans les projets et initiatives qui font bouger les politiques urbaines.
Les acteurs et les chercheurs de la communauté Popsu se sont réunis à Cherbourg du 27 au 29 août. Durant ces deux journées, ces derniers ont témoigné que la transition écologique était bel et bien enclenchée. Le respect du vivant humain et non humain semble s’être invité dans les priorités des politiques territoriales. Ainsi, il a été beaucoup question pendant ces deux jours de «prendre soin», de «ménager», de «comprendre et de respecter la diversité», de «faire du sur-mesure», de porter attention au «concret», au «vécu», au «sensible», à la «confiance». Dans un même mouvement, acteurs et chercheurs ont également pointé combien il fallait d’énergie, de temps, d’expérimentation, de ratés pour engranger les petites victoires des projets bifurcateurs. Ces sommes de projets et de bouts de politiques publiques arrachés aux sentiers de dépendance, au «business as usual» sont nécessaires, réjouissantes et salutaires. Mais on ne peut s’empêcher de penser que collectivement, nous butons sur du lourd, du gros, du dur, du presque inerte.
Le logiciel de la croissance économique et démographique vient toujours alimenter les projections des besoins de construction pour accueillir activités économiques, emplois et habitants.
Le prisme de la société de consommation n’est jamais loin quand il s’agit de penser la «revitalisation» commerciale de tel centre-ville ou la «requalification» de telle zone commerciale.
La martingale de la mobilité facile et généralisée à grande échelle est peu interrogée quand la politique industrielle française mise sur l’électrification du parc de véhicules pour décarboner les transports.
L’odyssée de la souveraineté énergétique de la nation grâce à l’énergie nucléaire a produit une très puissante filière économique dont la préoccupation principale n’est pas l’économie d’énergie. Aujourd’hui, cette stratégie permet d’alimenter le récit (celui de l’Etat et d’EDF) de la décarbonation indolore de l’économie grâce à une consommation d’électricité nucléaire abondante, bas carbone, et compétitive. Cela vient justifier l’investissement public dans le renouvellement de la première génération de centrales nucléaires, désormais quadragénaires. Ainsi, à quelques kilomètres des tables rondes et ateliers Popsu, la réaction en chaîne de fission du réacteur nucléaire le plus puissant de France, l’EPR de Flamanville, se prépare. Ce réacteur est conçu pour une durée de fonctionnement de soixante ans minimum.
Les fictions véhiculées par un modèle de développement hérité, qui carbure à la consommation et à la croissance comme vecteurs de progrès, sont tenaces. Elles imprègnent toujours des décisions structurantes qui orientent massivement les investissements publics et privés sur des temps longs. C’est pourquoi faciliter et amplifier le déploiement d’actions bifurcatrices déjà là implique de construire des imaginaires positifs concurrents. Cela suppose de s’organiser pour collecter, monter et montrer les rushs de scénarios d’une sobriété généralisée qui ne soit plus perçue comme «punitive» mais source de progrès de notre modèle de développement et d’émancipation dans nos sociétés contemporaines.