Energie, transports, rénovation durable, végétalisation… En 2023, Libé explore la thématique de la transition écologique lors d’une série de rendez-vous inédits. Objectif : témoigner des enjeux et trouver des solutions au plus près des territoires. Quatrième étape à Dunkerque, les 13, 14 et 15 octobre.
Le constat est simple : qui dit transition, dit transformation de notre industrie. Dans le nord de la France, où se tient cette nouvelle étape du Climat Libé Tour, cela peut se traduire par un délaissement du métallurgique vers l’électrique, propreté exige. Donc de nouvelles compétences et métiers. «Dans la transition énergétique, le monde des réseaux, qui comprend un grand nombre de prestataires et de fournisseurs, connaît un besoin d’embauche de l’ordre de 8 000 personnes par an. Où sont-ils ?» lance Xavier Piechaczyk, président du directoire de RTE, l’un des intervenants du débat «Formation dans l’industrie : objectif plein emploi ?».
«Transition écologique juste»
L’enjeu principal reposerait donc sur la formation. Martine Assar, responsable de l’observatoire des métiers à l’institut Mines-Telecom, et Rémi Vanel, ingénieur et membre du collectif Pour un réveil écologique en font la démonstration. «Dans une démarche de réindustrialisation et de relocalisation, les besoins de formation en ingénierie sont énormes», analyse la première, qui assure que des changements sur les maquettes pédagogiques des écoles ont été opérés depuis quelques années. «Certaines entreprises sont obligées de mettre en place leurs propres formations pour répondre à leurs besoins. Il faut que l’Etat accélère sur ce sujet, sinon ces nouveaux métiers vont connaître un manque d’attractivité», argumente le deuxième. «Si la transition est trop abrupte, que les salariés n’ont pas le temps de se reformer, et que leurs compétences ne sont plus en adéquation avec la transition du secteur, beaucoup vont se retrouver au chômage», anticipe-t-il.
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Une problématique qui tient particulièrement à cœur à Marylise Léon, secrétaire générale de la CFDT, qui n’a eu de cesse de parler de «transition écologique juste» qui «embarque tous les travailleurs» dont le métier risque de changer, voire de disparaître. D’où la nécessité criante de formation, afin de ne pas se retrouver au pied du mur «et de devoir dire à certaines personnes : ton usine va fermer, on te propose désormais d’aller travailler dans la rénovation thermique des bâtiments», illustre Marylise Léon. «En France, nous ne sommes pas équipés à l’heure actuelle pour faire face à des reconversions massives de personnes déjà en activité, qui ont 30, 40 ou 50 ans.» Avec des échéances qui n’en finissent pas de se rapprocher – à l’instar de la fin des voitures thermiques neuves d’ici 2035 –, trouver de nouvelles mains est urgent.