On fêtera le 10 mai l’anniversaire de la fin du premier confinement. L’occasion de découvrir le beau livre illustré de l’illustratrice Marielle Durand qui, à l’automne 2020, à l’occasion du second «shut down» a décidé de jouer avec les restrictions dans le temps et l’espace imposées alors pour limiter la propagation de la maladie. De là est né cet étonnant 1 kilomètre, 1 heure, 1 dessin (on avait évoqué la version web à l’époque), carnet intimiste de son quartier, le discret XIIIe arrondissement de Paris. «Il ne s’agissait pas seulement de faire un portrait du XIIIe, nous explique la jeune femme, mais aussi de réinvestir son environnement, de ne pas céder à la sinistrose et de faire de la contrainte une opportunité pour se réinventer, retrouver un réel lien social, alors même que tout nous poussait à l’inverse.»
Le résultat : quarante-six étapes, quarante-six jours (sur chaque double page, un court texte vient en miroir du dessin) et autant de scènes de vie, de rencontres et d’anecdotes sur les Gobelins, la Butte-aux-Cailles, le square de la Montgolfière ou le passage Boiton et «son petit pan de mur jaune» (cher à Marcel Proust). «Sous leur meilleur jour, celui de l’entraide, de l’amitié et de la curiosité, j’ai pu redécouvrir et me réapproprier ces quelques rues», explique l’autrice dans la préface. Avec au final, le souvenir fugace de cette situation hors du commun, d’un temps suspendu, et la poésie de ces aquarelles ocre et rouille cadrant bien avec l’humeur de cette saison nostalgique. «Le jour décline derrière les tours de l’avenue de Choisy, le gris prend des airs rosés, subtils mais réels.»
«Si vous ne savez pas où vous allez, n’importe quel chemin vous y mènera», écrivait avec humour Lewis Carroll. Ce voyage (presque) immobile prouve qu’il n’est pas non plus besoin d’aller très loin.