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«Une autre écologie est possible»

Il faut faire basculer l’effort des consommateurs vers les producteurs, changer l’offre et non la demande. Et en finir avec les politiques s’appuyant sur les taxes, estime Olivier Blond, conseiller régional d’Ile-de-France (LR).

Un parc éolien en 2024. (Fabrice Picard/Vu. Libération)
Par
Olivier Blond
conseiller régional d’Ile-de-France (LR)
Publié le 10/10/2025 à 2h05

Jeunesse, transports, logement, biodiversité… En 2025, Libé explore la thématique de la transition écologique lors d’une série de rendez-vous gratuits et grand public. Objectif : trouver des solutions au plus près du quotidien des citoyens. Dernière étape de notre édition 2025 : Marseille, les 10 et 11 octobre.

Pour rendre accessible l’écologie, il faut partir de cette notion fondamentale que dans le monde moderne, nous sommes tous – plus ou moins - des pollueurs. Nous chauffons notre appartement, nous partons en vacances, nous achetons des vêtements. Bien sûr les plus riches polluent plus. Mais chacun fait de son mieux avec son budget, surtout les plus modestes.

Ainsi, malgré tous les aménagements possibles, les logiques qui visent à réduire la consommation reposent toujours trop sur les épaules des plus modestes ; ceux qui comptent leur argent et pour qui une nouvelle taxe écologique devient un obstacle. Elle est fondamentalement antisociale. Il faut inverser cette logique. Il faut basculer l’effort des consommateurs vers les producteurs.

Il faut en finir avec ces formes plus ou moins consenties de décroissance. Car au nom de valeurs sympathiques et généreuses, elle demande des sacrifices à celles et ceux qui l’écoutent. Et quand les arguments ne suffisent pas à convaincre, cette écologie utilise ce qu’on appelle le «signal prix» : une taxe sur l’essence, sur l’électricité, sur ceci ou sur cela, pour décourager tel ou tel comportement. Et elle devient antisociale. Trois exemples permettent d’expliciter cette idée.

Commençons par les ZFE, ces zones urbaines interdites aux véhicules les plus polluants. L’intention est sympathique : tout le monde est d’accord pour diminuer la pollution de l’air. Mais la mise en œuvre est catastrophique. Car, les ZFE sont explicitement destinées à faire acheter de nouvelles voitures. Malgré les aides, il y a toujours un reste à charge pour les particuliers. D’où la fronde contre ces mesures qui concernent, dans certaines villes modestes, presque 50 % des habitants.

Autre exemple : les subventions aux énergies renouvelables. La droite demande un moratoire sur les subventions. Pourquoi ? Parce que, grâce à nos centrales nucléaires, nos barrages et nos éoliennes, notre électricité est déjà décarbonée à plus de 95 % (un record mondial) ! Et elle est en surcapacité : nous avons exporté 89 TWh d’électricité en 2024 (un autre record mondial), soit plus que la consommation de la Belgique. Pour diminuer nos émissions de CO2, le plus efficace n’est pas de remplacer une électricité par une autre, mais de remplacer du gaz ou de l’essence par de l’électricité (en finir avec le chauffage au gaz ou la mobilité thermique). Utilisons l’argent public à bon escient et baissons le prix de l’électricité, en particulier pour les particuliers et les petits artisans. C’est plus efficace pour décarboner. Et cela permet de diminuer les factures des plus modestes. Encore une fois, la solution est de changer l’offre, et pas la demande, pour améliorer le bien-être de chacun.

Dernier exemple : la réindustrialisation. La meilleure manière d’aider les gens à mieux vivre, c’est de leur donner un emploi rémunérateur et intéressant. Pour ce faire, il faut réindustrialiser le pays. Encourageons de nouvelles usines à s’installer, quitte à trouver un nouveau contrat social et environnemental. Rapatrier la production (c’est aussi vrai pour l’agriculture) économisera le transport mais surtout permettra de lutter contre le dumping écologique et social ! La relocalisation encouragera également l’économie circulaire, qui est l’enjeu des prochaines années. On ne peut pas recycler à 10 000 km de l’endroit où on produit…

Produire, pas forcément plus, mais mieux, c’est la seule solution pour sortir de la crise écologique. La droite le dit. Certains courants de la gauche le disent ou l’on dit dans le passé. Une autre écologie est possible.