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Libération
Place à demain: initiative

Une clinique juridique pour soigner les droits des Lillois

L’association fondée en 2018 permet à des étudiants en droit de l’Université de Lille de compléter leur formation en recevant bénévolement des habitants en quête de conseils.
La Clinique juridique de Lille permet à des étudiants d’être sollicités dans tous les domaines du droit (santé, travail, droit des affaires, droit public…). (Moyo Studio/Getty Images)
par Clémence de Blasi
publié le 15 janvier 2024 à 5h10
(mis à jour le 22 janvier 2024 à 16h05)
Les 26 et 27 janvier 2024, Libération coconstruit avec les moins de 30 ans Place à demain. Un événement dédié à l’écoute de la jeunesse et ouvert aux débats entre toutes les générations. Une soirée et une journée de rencontres gratuites, au Théâtre du Nord et en partenariat avec la Métropole européenne de Lille, le Théâtre du Nord, la CCI Grand Lille Hauts-de-France, l’université de Lille, la Voix du Nord et BFM Grand Lille. Entrée libre sur inscription.

Célia Khoudri, étudiante en master 1 de droit privé à Lille, est «clinicienne» depuis un an et demi. La jeune femme de 23 ans a choisi d’intégrer le pôle «droit des étrangers» de la Clinique juridique de Lille. «C’est un domaine qui m’intéresse beaucoup et qu’on n’étudie pas à la fac», regrette celle qui a déjà investi dans plusieurs livres sur le sujet et passe pas mal de temps à parcourir des sites spécialisés afin de répondre au mieux aux questions posées par des usagers.

L’association loi 1901, créée en 2018, est implantée à la faculté des sciences juridiques, politiques et sociales de l’Université de Lille. «Pour beaucoup d’entre nous, il était compliqué de trouver des stages, se remémore Léo Olivier, l’un des trois anciens étudiants à l’origine de la création de la Clinique juridique de Lille, désormais avocat spécialisé en droit de la santé. La plupart n’avaient jamais pratiqué ni rencontré de clients, alors qu’ils avaient quasiment terminé leur cursus.»

«Cela permet de confronter l’étudiant à des cas réels»

Une convention tripartite est signée entre l’ordre des avocats du barreau de Lille, l’école des avocats du Nord-Ouest (l’Ixad) et la faculté. Elle permet à des étudiants d’être sollicités par des habitants dans tous les domaines du droit (santé, travail, droit des affaires, droit public…). Le premier contact se fait par mail ; les cliniciens qui reçoivent la demande ont quelques semaines pour réunir des éléments de réponse aux questions posées. Un rendez-vous est ensuite fixé dans l’une des salles réservées de la faculté ou en visio ; un binôme d’étudiants reçoit alors la personne en quête de conseils, en présence d’un avocat professionnel bénévole. «L’avocat est là en tant que filet de sécurité, explique Morgan Peugniez, 24 ans, vice-président de la structure. Notre rôle est d’expliquer les différentes options et leurs débouchés ; il ne s’agit pas de faire de véritables consultations mais d’améliorer l’accès à l’information juridique.»

«Cela permet de confronter l’étudiant à des cas réels, un peu sur le modèle de ce qui existe en médecine avec le système d’internat, ou l’apprentissage dans le bâtiment», observe Léo Olivier. «Au Royaume-Uni ou en Belgique, il y a davantage de pratique. En créant la clinique, nous voulions à la fois ouvrir une voie pour que les étudiants puissent s’entraîner, et remettre dans le giron du droit un public un peu éloigné», complète Sarah Kerrich, cofondatrice de la clinique. Aujourd’hui avocate en droit administratif (1), elle y intervient régulièrement pour former et encadrer des étudiants.

Plus de 300 étudiants bénévoles

Depuis la création de la clinique juridique, environ 800 dossiers d’habitants de la métropole de Lille et des Hauts-de-France ont ainsi été examinés par des étudiants en droit, de la troisième année de licence au doctorat. En 2023, l’association réunissait pas moins de 320 étudiants bénévoles, qui multiplient les projets : podcasts, vulgarisation juridique sur les réseaux sociaux ou sur leur site internet… «Certains sont attirés par le tremplin que ça peut offrir professionnellement, outre le projet, ou par les différentes formations que nous proposons, constate Morgan Peugniez. Tout cela fait qu’on arrive assez bien à emporter les gens, côté usagers comme côté étudiants.»

(1) Elle est également secrétaire nationale du PS, première secrétaire du PS du Nord et conseillère régionale des Hauts-de-France.