Upurkushun, un nom imprononçable qui signifie «à la vôtre» en quechua… Et huit jeunes hommes, pour la plupart moniteurs basés à Chamonix, qui s’envolent au Pérou pour grimper et dévaler ces pentes, découvrir et «rider» sur des sommets de haute altitude. «Là où c’est blanc dans les montagnes, tu peux mettre tes skis partout», lance l’un d’eux. On ne saurait mieux dire. On les voit donc monter, s’acclimater – à plus de 5 000 mètres –, vomir, descendre des pentes impressionnantes, toucher du doigt «le bonheur». On les retrouve aussi confrontés à l’échec, ne pas y arriver. Renoncer, essayer encore. On les voit enfin se prendre dans les bras quand ils arrivent en bas, et cette équipée-là en dit long sur la complicité qu’ils ont su créer entre eux.
Maxime Aubry et Aurèle Mayol font un peu penser à Sam Beaugey, alpiniste auteur des Sales gosses (éditions Paulsen, «Guérin»). «C’est une génération qui nous précède, dit Maxime. Ils nous ont passionnés. On est sur leurs traces. Ils nous ont fait rêver. Et puis, à la fin, on se sent transformés. C’est un voyage initiatique. On est une bande de jeunes clampins, un peu fous. On a voulu montrer qu’on est capables de partir en montagne et d’avoir la tête froide. De créer ce doux mélange, sans franchir une certaine ligne, un équilibre. Faire des choses sérieuses sans se prendre au sérieux. Depuis l’âge de deux ans, on a les skis au pied. On s’entraîne sans arrêt. On est toujours en train d’apprendre.»
Aurélien explique à son tour : «Est-ce qu’on s’autorise à repousser ses limites au prétexte qu’on est allés loin ? J’ai pu constater que, là-bas, c’est différent. Il n’y a pas les secours. On ne prendra pas les mêmes risques. Il faut aussi savoir renoncer, trouver le juste milieu entre la prise de risque et la confiance, le mal des montagnes… On reste lucides. C’était la première fois qu’on était confrontés à cette altitude. Chez nous, on a l’hélico du PGHM [les pelotons de gendarmerie de haute montagne, ndlr], là-bas, un accident peut finir de façon catastrophique. On a vu un secours où le skieur ne pouvait plus marcher. Nos amis péruviens l’ont avachi sur un âne et redescendu avec une fracture ouverte. Il faut réfléchir avant de se lancer. On a peur dans ces moments-là. Celui qui n’a pas peur est un menteur. La peur va être ce carburant qui permet d’avancer».
(1) Présenté au Festival international du film d’aventure (Fifav) de La Rochelle.