Menu
Libération
Tribune

Urbaine ou rurale, la transition écologique n’a pas de frontière

Transition écologique : le temps des villes et des territoiresdossier
Par Michaël Weber, président de la Fédération des Parcs naturels régionaux de France et sénateur de Moselle, et Philippe Gamen, président délégué de la Fédération des Parcs naturels régionaux de France et président du Parc naturel régional du Massif des Bauges.
Le Parc naturel régional des Vosges du Nord. (Tristan Vuano/Hemis via AFP)
par Michaël Weber, président de la Fédération des Parcs naturels régionaux de France et sénateur de Moselle et Philippe Gamen, président délégué de la Fédération des Parcs naturels régionaux de France et président du Parc naturel régional du Massif des Bauges
publié le 12 juin 2024 à 0h57

A l’heure de la transition écologique, en partenariat avec la Plateforme d’observation des projets et stratégies urbaines (Popsu), plongée dans les projets et initiatives qui font bouger les politiques urbaines.

Les luttes contre le réchauffement climatique et l’érosion de la biodiversité doivent se mener partout, elles ne se jouent pas que sur les champs de pétrole, dans les mines de charbon ou dans les métropoles. Les élus et habitants ruraux en ont une conscience aiguë.

Les campagnes ont toujours produit pour les villes. La nécessaire relocalisation de la production énergétique et alimentaire a remis en lumière ces liens affaiblis par presque un siècle de mondialisation. Aujourd’hui, elles doivent également assurer un rôle de puits de carbone, de réservoir de biodiversité ou d’espace de respiration pour des citadins en mal de nature.

Face à tous ces défis, nos territoires ruraux doivent se réinventer, une nouvelle fois. Le chemin sur lequel nous devons engager nos territoires est pavé de contradictions. Nous entrons dans l’air du «tout en». Produire une alimentation en quantité et en qualité tout en préservant l’environnement, la biodiversité et les paysages. Adapter nos forêts au changement climatique tout en préservant les habitats naturels. Accueillir les randonneurs à pied, à vélo (désormais électriques) tout en évitant la surfréquentation. Produire des énergies renouvelables en quantité tout en préservant nos sols et nos paysages.

Les tensions générées par ces mutations sont vécues par des collectivités territoriales morcelées, affaiblies par la pression budgétaire, aux limites administratives souvent inadaptées. Leurs interrelations en pâtissent quand les rôles respectifs des différents échelons restent trop souvent flous.

Pourtant, la transition écologique est une formidable occasion de donner du sens aux liens qui unissent nos territoires. Les Parcs naturels régionaux en sont l’illustration. Leur origine remonte aux années soixante et ils ont su traverser ces dernières décennies en renouvelant leurs champs de compétence, en adaptant leur ingénierie. Pour s’adapter à une réalité géographique plus cohérente, leurs territoires franchissent allégrement les limites administratives des communautés de communes, des départements voire des régions. Leur gouvernance unique intégrant tous les échelons territoriaux y compris les villes périphériques, transcende les crispations de voisinage.

Lieux d’innovations, les Parcs naturels régionaux expérimentent déjà des nouvelles relations avec leurs métropoles environnantes au travers notamment de contrats de réciprocité. Un contrat de ce type a été conclu en 2023 entre l’Eurométropole de Strasbourg et le Parc naturel régional des Vosges du nord. Les premiers effets positifs sont déjà là. L’approche transversale des Parcs, la pluridisciplinarité de leur ingénierie sont appréciées. Mais ces accords sont encore trop rares pour être significatifs à l’échelle nationale.

Une des conditions de leur multiplication réside dans l’ingénierie dont disposeront les territoires. Dans la capacité qu’aura cette «ingénierie des territoires» à dépasser les frontières de leurs collectivités et les limites de leurs compétences. L’enjeu est d’appréhender les sujets de manière globale en s’adaptant aux besoins de l’économie et de la société. Il s’agira de soutenir et d’accompagner l’émergence de nouveaux liens et réseaux.

Le croisement des compétences et des capacités de chacun est une des clés de la réussite des transitions écologiques. Plus que jamais, villes et territoires ruraux doivent apprendre à travailler ensemble, en solidarité.