Comment réinventer une gouvernance qui fait la part belle aux coopérations entre État, collectivités territoriales, associations, entreprises et citoyens ? Quelle place alors pour cette France qui essaie ? Rendez-vous le 26 octobre prochain au Conseil économique, social et environnemental. Evénement réalisé en partenariat avec l’association des départements solidaires, le département de la Gironde et la Fondation Jean-Jaurès. Inscription gratuite : cliquez ici.
Sera-t-il bientôt possible de soutenir le cours de la Garonne quand son débit est au plus bas ? Autrement dit, peut-on agir sur des phénomènes hydrogéologiques naturels pour faciliter le remplissage de sa nappe phréatique ? Voilà tout l’enjeu de l’opération R’Garonne, lancée au printemps à une soixantaine de kilomètres de Toulouse.
Son principe s’avère plus complexe qu’il n’y paraît de prime abord. Il s’agit en effet de «booster» la nappe alluviale de la Garonne, laquelle agit comme un réservoir souterrain en stockant l’eau de pluie infiltrée dans le sol en hiver et au printemps, avant de la restituer progressivement l’été. Pour aider cette nappe à se recharger, l’idée est d’utiliser l’eau du canal de Saint-Martory, lequel traverse une vingtaine de communes de Haute-Garonne. A partir de ce canal, des fossés, des canaux et des passages busés ont été réhabilités, recalibrés et aménagés. Durant la saison pluvieuse, de novembre à avril, ces travaux doivent amener l’eau vers les zones d’infiltration. Davantage rechargée, la nappe devrait mieux alimenter la Garonne en période d’étiage, durant l’été et l’automne, et favoriser les échanges naturels entre le fleuve, ses affluents et les milieux aquatiques.
Cette expérimentation, présentée comme unique en Europe, est portée par Réseau 31 (service public de l’eau en Haute-Garonne) et le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM). Lui-même formé en hydrogéologie, Sébastien Vincini, président du conseil départemental de Haute-Garonne, suit attentivement le déroulé des opérations : «L’objectif est que l’eau pénètre lentement dans le sol, au rythme d’un m³ par seconde, pour injecter environ 5 millions de m³ dans un premier temps, détaille l’élu. Il s’agit ensuite de suivre le trajet de cette “bulle de recharge” et d’en mesurer la vitesse, la quantité et la qualité pour concevoir un modèle scientifique de réalimentation des nappes phréatiques.»
Selon une étude réalisée dès 2011 par l’agence de l’eau Adour-Garonne, il y a urgence : en l’absence de mesures fortes, les débits naturels d’étiage seront en moyenne réduits de moitié pour le bassin de la Garonne en 2050. «La Haute-Garonne subit une sécheresse durable et elle est placée régulièrement en vigilance par la préfecture avec des restrictions pour certains usages», note Sébastien Vincini, qui ne cache pas son inquiétude après les records de chaleur enregistrés cet été jusqu’à ce mois de septembre, historiquement chaud : «Les répercussions du manque d’eau que l’on attendait pour 2050 sont là, maintenant», estime le président du département.
D’une durée de quatre ans, cette expérimentation dotée d’un budget de 1,85 million d’euros bénéficie du soutien de l’agence de l’eau Adour-Garonne, de la région Occitanie, du département de Haute-Garonne, de Réseau31 et du BRGM. En 2024, les surfaces d’infiltration seront encore augmentées. Et si ces essais s’avèrent concluants, une réalimentation permanente de la nappe de la Garonne sera engagée.