Discussions, projections, spectacles... Libération s’associe pour une deuxième édition de la biennale du vivant à l’Ecole des arts décoratifs-PSL, l’Ecole normale supérieure-PSL et le Muséum national d’histoire naturelle. Rendez-vous les 26 et 27 septembre à Paris.
Dans l’histoire naturelle, la distinction entre le vivant et le non-vivant a longtemps semblé évidente : d’un côté, les organismes animés, capables de croître, se reproduire, évoluer ; de l’autre, la matière inerte, sans mouvement propre. Pourtant, cette frontière, que l’on croyait étanche, s’est peu à peu effritée avec les progrès scientifiques.
Le Muséum national d’histoire naturelle, à travers ses grandes figures scientifiques, a contribué à éclairer cette question. En opposition aux travaux dits fixistes de Carl Von Linné qui voyait une séparation nette entre animaux et plantes d’un côté, minéraux de l’autre, Buffon voit la nature comme un continuum en transformation. Il s’intéresse aux forces qui agissent aussi bien sur les corps vivants que sur la matière, introduisant une vision plus dynamique : la distinction entre vivant et non-vivant devient moins rigide.
Lamarck, autre grand nom du Muséum, s’inscrit dans le sillon de Buffon : pour lui, le vivant se caractérise par sa capacité à évoluer. Darwin montrera ensuite que les espèces vivantes évoluent par sélection naturelle. Et bien que ce dernier n’aborde pas directement le non-vivant, il souligne que seul le vivant possède un patrimoine transmissible, capable de varier et de se modifier au fil du temps.
Les grandes révolutions scientifiques (théorie cellulaire, découverte de l’ADN) ont éclairé cette tension. La vie n’est pas un miracle isolé mais un continuum d’organisations de la matière, où émergent des propriétés nouvelles. Ainsi, l’opposition vivant non-vivant semble moins une frontière qu’un gradient, un passage subtil où la matière s’organise, se complexifie, jusqu’à franchir un seuil d’autonomie.
Ces visions successives montrent que cette frontière, autrefois tranchée, est désormais perçue comme plus nuancée, mouvante, et échappe à nos certitudes. C’est la raison pour laquelle nous consacrons la 2e édition de la biennale du vivant à cette thématique car comprendre ce qui distingue le vivant du non-vivant, c’est mieux cerner notre place dans la nature et notre responsabilité envers elle à un moment où elle n’a jamais été autant menacée par les activités humaines.