A Séoul, ville longtemps étouffée par le trafic automobile, un pari fou a marqué le tournant des années 2000 : faire renaître une rivière disparue depuis des décennies. Pour comprendre l’envergure d’un tel projet, il faut se diriger vers le centre historique de la ville, là où une autoroute de quatorze voies écrasait sous son poids la rivière Cheonggyecheon. Aujourd’hui, difficile de ne pas apercevoir le cours d’eau qui coule d’est en ouest sur près de 6 km en plein cœur de la capitale sud-coréenne.
Pourtant, Cheonggyecheon, qui signifie «rivière propre», n’a pas toujours été ce havre de fraîcheur urbaine qu’apprécient aujourd’hui les riverains. Après le retrait du gouvernement d’occupation japonais le 9 septembre 1945, cette rivière affluente du fleuve Han était un lieu insalubre, saturé de déchets. Après la guerre de Corée (juin 1950-juillet 1953), des populations démunies s’y sont installées dans des abris de fortune, tentant de survivre dans un environnement dég