LA DROITE ne sourit plus de son insoumission chronique. Elle a appris à la redouter, depuis qu’au soir du 12 juin 1994, jour des élections européennes, Philippe de Villiers, 45 ans, n’incarne plus le folklore chouan, mais 12,43% des électeurs.
L’Europe, c’est pain bénit pour les affaires du vicomte, petit roitelet de Vendée, président du conseil général d’un département qu’il dirige comme un autocrate. C’est à l’occasion du traité de Maastricht, au mois de septembre 1992, qu’il est sorti du bois pour ne plus y retourner.
D’abord coincé entre les deux mastodontes RPR, Philippe Séguin et Charles Pasqua, porte-drapeau de l’anti-Maastricht, il fait plutôt figure de saltimbanque malingre sous sa bannière du Combat pour les valeurs. Encore membre de l’UDF, il promet déjà de se mettre à son compte: «Entre l’UDF et moi, c’est platonique. Si on me vire, ja partirai avec mon baluchon.» A l’époque, il n’y a guère que Jean-Pierre Chevènement, autre croisé de l’anti-Maastricht, pour lui trouver «des tripes».
«Le gouvernement manque d’audace». Et puis, il passe à l’acte. A peine le référendum terminé et alors que la droite resserre les rangs en vue de la victoire aux législatives de mars 1993 Charles Pasqua s’apprête à devenir ministre et Philippe Séguin président de l’Assemblée nationale , Philippe de Villiers joue les empêcheurs de cohabiter. Il parcourt la France pour lancer de sa voix nasillarde: «Mitterrand doit partir.» Finalement Edouard Balladur devient le chef d’orchestre de la c