Dans son bureau, à deux pas de la place Stanislas, à Nancy, Gérard Michel, l'avocat des parents de Sabrina, l'adolescente étranglée lundi par Leyla, sa copine de classe, s'énerve pour la énième fois de la journée au téléphone, avec un journaliste: «La famille de Sabrina vit un drame épouvantable. Elle a l'impression qu'on veut faire de l'argent sur le dos de sa fille assassinée. Savez-vous qu'il est interdit de reproduire une photo, qui plus est de mineure, sans le consentement de sa famille?» Et l'avocat d'expliquer que deux journalistes vêtus de blouses blanches se seraient introduits à la morgue pour tenter de prendre des photos du cadavre.
L'enterrement de Sabrina est prévu ce samedi à Charmes, un gros bourg à la limite des Vosges. Les parents de l'enfant, selon Me Michel, n'ont aucune haine envers Leyla: «Ils seraient même plutôt antiracistes, ils ne veulent pas qu'on exploite politiquement leur drame. Ils ont été scandalisés en entendant Philippe de Villiers à la radio essayer de faire le lien entre la mort de leur fille et le problème des banlieues.»
Plus loin dans la rue, Joël Lagrange et Marie Desmet, les deux avocats de Leyla, jouent une partition semblable: «Il faut que les choses s'apaisent, on est en train de revivre les débuts de l'affaire Villemin, c'est dément», indiquent-ils avant de mettre en cause le parquet de Nancy: «Le procureur a violé la présomption d'innocence en organisant une conférence de presse dans laquelle il a confirmé les aveux de Leyla.» Depu