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Libération

Fabrice aurait avoué être le tireur fou de la Moselle. La mort de son jeune frère l'avait rendu dépressif.

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publié le 26 mai 1995 à 4h43

Bockange, envoyé spécial

«Ils avaient fermé la porte du fort de l'extérieur, pour nous laisser crever», avait dit Fabrice. Dedans, l'incendie fait rage. Les vapeurs, les gaz: il fallait sortir. Mais la porte blindée s'était refermée. Son petit frère, asthmatique, toussait. Les copains avaient peur. Il faisait noir. Ils se tenaient par la main. Puis ils se sont perdus. Fabrice a pu se sauver. Le petit frère est mort.

«Les pompiers étaient arrivés trop tard. La police n'avait rien fait.» Ils l'avaient dit dans le village, après l'accident. C'était il y a trois ans.

Mercredi, pourtant, la police a bien fait son travail. Elle est venue arrêter, dans ce village de Moselle près de Metz, Fabrice Illg, 22 ans, pour le placer en garde à vue. Il serait le tireur fou de la Moselle, il aurait avoué aux gendarmes avoir tiré. Huit fois, depuis le 1er avril, sur des voitures, des maisons, et légèrement blessé une adolescente en tirant sur un car scolaire.

Le village n'y croit pas, ou bien il fait semblant. Fabrice, au fond, était «si gentil». Dans le bas du hameau, près de la route, on se dit «soulagé». Dans le haut, dans la «cité», on dit que c'était un garçon bien poli.

C'est là, en bordure de bois, près du vieux fort, qu'avaient lieu presque tous les tirs. C'est là que vit la famille Illg, dans un de ces pavillons massifs, accolés deux à deux, anciens lieux de résidence des sous-officiers de la garnison de Metz, aujourd'hui rachetés par la commune.

«Le père, Marcel, était tueur aux abattoirs