Menu
Libération

Affaires: la lettre qui fait mal à LonguetEn 1988, l'ancien ministre demandait que 15 MF soient virés en Suisse.

Article réservé aux abonnés
publié le 17 juin 1995 à 6h08

En envoyant mercredi dernier les policiers de la financière de

Rennes fouiller les archives parisiennes de La Signalisation, une société de travaux publics liquidée à l'amiable en 1994, le conseiller Renaud Van Ruymbeke ne s'imaginait sans doute pas réaliser une pêche aussi miraculeuse. Une facture et une lettre signée par Gérard Longuet, alors ministre chargé des Postes et Télécommunications, ont été saisies, et transmises à la Chancellerie via le parquet général de Rennes.

La Signalisation, vivant de fonds publics, était intervenue, et avait coulé pour cette raison, sur un gigantesque marché de téléphonie au Koweit. Elle a accumulé un milliard de francs de dettes, qu'elle a tenté de récupérer (voir Libération du 14 juin). Pour y parvenir, Gérard Longuet, alors ministre des PTT, avait envoyé dès juillet 1986 en terre koweitienne son collaborateur au ministère Génia Constantinoff. Ce dernier, d'après un interrogatoire récent devant Van Ruymbeke, avait récupéré, en début d'année 1988, 70 millions de francs, remis à La Signalisation. Constantinoff comme Longuet ont nié toute commission occulte ou virement sur un compte suisse, liés à ce marché.

La facture et la lettre saisies par les policiers contredisent formellement cette thèse. Plus ennuyeux encore, elles révèlent d'une part que, sur intervention ministérielle de Longuet, de l'argent public a servi à alimenter le compte suisse d'une société panaméenne. D'autre part, que l'actuel ministre de l'Economie et des Finances, Alain M