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Libération

«Cette meurtrière dynamique guerrière...». Hubert Reeves s'adresse à Jacques Chirac dans une lettre ouverte.

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par Hubert Reeves
publié le 10 août 1995 à 7h33

«Monsieur le Président. (...) J'ai suivi de près les arguments

présentés en faveur de ces essais. Je ne m'attarderai pas sur la question de la pollution. Les analyses des spécialistes ne semblent pas signaler de grands risques. Je ne m'attarderai pas non plus sur la nécessité de ces essais dont l'objectif est de maintenir la crédibilité de l'arsenal nucléaire français. Il me semble pourtant que l'évolution des situations politiques rend cette arme de plus en plus anachronique(...).

Mes inquiétudes portent essentiellement sur la menace, très grave aujourd'hui, de la prolifération nucléaire. Qu'une nation respectable et respectée comme la France se lance dans une campagne d'essais nucléaires peut avoir sur ce plan des effets extrêmement négatifs. L'ampleur des protestations internationales le montre bien, c'est la valeur symbolique du geste qui compte. Quelle autorité morale restera à la France pour s'opposer aux essais des autres nations?

L'histoire de l'armement est marquée par une sorte de fatalité inéluctable: il y a toujours les meilleures raisons du monde pour poursuivre à toute allure la course aux armes. (...) Depuis quelques années, et peut-être pour la première fois, cette course délirante semble ralentir. Une détente se fait sentir. Plusieurs nations ont revu à la baisse leurs budgets militaires... De là naît lentement un espoir. Allons-nous, enfin, nous extraire de cette séculaire et combien meurtrière dynamique guerrière?

La sagesse serait de profiter de cette périod